Bonjour. Cet article avait déjà été publié en décembre 2008. Cela peut faire un peu réchauffé mais non, c’est l’actualité qui reprend le pas : ce DVD sur le graffiti sort dans les bacs après quelques mois de retard : l’industrie du disque et du DVD Hip Hop montre des signes de risque de fin de vie… bref, voici donc la rencontre avec les créateurs du magazine de graff sur DVD. Pour information, le graff et le tag sont à l’honneur au Grand Palais dans le cadre d’une exposition justement nommée TAG. Un reportage est en préparation.
C’est par un après-midi assez triste que je me rend encore une fois à Chatelet. J’ai RDV avec Jeeklow et Jérome de Label Rouge. Direction un vieux bar, installation, début de la communication…
Dany : Je suis avec Jeeklow, et Jérome, bonjour à vous deux : vous êtes ici cette après-midi pour nous parler de Painterz : mais c’est quoi ?
Jeeklow : Painterz est un magazine dédié à la culture du graffiti en France. Pour re-situer les choses : à la base Painterz était un fanzine gratuit, on en avait fait deux numéros, et ensuite on a fait une sortie en kiosques on a sorti trois numéros : c’étaient des Cd-rom (photos-vidéos), et ensuite on est passé au DVD. Cela permet de voir que l’on a vraiment fait tout cela par étapes.
D : tu peux nous redonner les années ?
J : les premiers fanzines c’était en 2004, de 2004 à maintenant : en quatre ans on a fait tout ca : du gratuit, des Cd-rom et là on a sorti un premier DVD qui est sorti au mois de décembre dernier (2007), qui a vraiment pas mal marché, et la on enchaine donc le deuxième.
D : Tu nous présentes donc aujourd’hui Painterz Vol.2 : a t’il des particularités par rapport au premier volume ?
J : La particularité qu’il a c’est que dans le premier on n’avait pas mis que du graffiti. On avait filmé beaucoup de choses différentes : je ne sais pas si tu te rappelle il y a eu pas mal d’émeutes en France et on avait mélangé cela avec le graff et je sais que cela n’a pas plu à tout le monde. Dans celui la on s’est donc axé sur le graffiti. Comme pour le premier par contre on essaye de mettre tous les genres du graffiti : on reste dans le même délire c’est à dire on peut mettre aussi bien une action sur train qui est repréhensible par la loi, et aussi bien de la couleur (tranquille) sur un terrain vague ou un mur.
D : Jeeklow qui est à l’initiative de Painterz et de ce DVD ?
J : A la base Painterz a été créé par un ami et moi : on a commencé à sortir les magazines gratuits et dès le deuxième numéro on s’est associé avec Jérôme de Label Rouge : et après tout ce qui a été sorti en kiosque c’est grâce à lui. Il était dedans : dans la distribution : c’est lui qui nous a vraiment lancé au niveau national. Depuis je suis avec Jérome : nous sommes donc deux , plus diverses personnes qui travaillent avec nous en parallèle.
D : Jérome avec Label Rouge s’occupe plus de la production ?
J : Oui, lui s’occupe de toute la production et moi je suis choisi les artistes, finalement pour simplifier je m’occupe de tout ce qui est artistique du truc : en fait je filme et m’occupe du choix des artistes.
D : Tout magazine de graffiti, avec une connotation forcément Hip Hop doit s’accompagner d’une bande son : qui est à l’origine de l’habillage sonore ?
J : Pour le deuxième DVD on a un rappeur qui s’appelle Gaouli, qui fait des prods, et en fait il a une équipe et c’est celle ci qui nous a fait pas mal de sons et aussi un petit gars de Nemours qui s’appelle Jessee James : c’est vraiment les deux personnes qui nous ont laché des prods pour ce DVD là.
D : Sur ce DVD , il n’y a du coup que des graffeurs, ou est ce que tu as aussi interviewé ou rencontré d’autres acteurs du mouvement ?
J : En fait tant que tout n’est pas fini je ne veux pas trop en parler, parce que si je le fais pas ça ne sera plus dans le délire, mais pour la plupart on a fais justement dans les graffeurs. Par contre ce qu’on essaye de faire à chaque numéro c’est de ne pas rester qu’à Paris : là on est parti à Toulouse, je suis aussi allé à Berlin où j’ai filmé la ville : j’ai marché durant 3 jours et filmé tout ce qu’il s’y passait dans les rues.
D : Veux tu nous citer les endroits où tu es allé et les crew que tu a pu rencontrer ?
J : Je suis parti à Toulouse : là j’ai croisé l’équipe REZO : c’est vraiment un des gros de là bas qui fait de grosses productions de couleurs, en plus en a croisé des petits mecs les APS eux qui s’attaquent pratiquement qu’aux trains : c’est vraiment coté « vandale » : on essaye de vraiment de voir tous les aspects, et d’autres mecs à Toulouse qui étaient avec eux et un petit focus sur la ville. Et ensuite je suis parti à Berlin comme je te l’ai déjà dit et la j’ai vraiment fait un focus sur la rue : parce que là bas c’est vraiment un autre délire…
D : ce que tu veux dire c’est qu’en Allemagne la culture graffiti est bien encrée dans leur culture ?
J : On peut dire que leurs rues sont sales : c’est comme à Paris en 1998 : là bas il n’y a pas de nettoyage, les gens s’attaquent aux immeubles, aux églises…. ça rigole pas quoi : c’est ça qui m’a plu. Nous sommes aussi allé aussi un Dunquerke, plus précisément un collègue à moi qui travaille avec moi sur le projet a filmé là bas : il y a la bas de très bons graffeurs : il n’y fait pas beau mais il y a de la belle couleur.
Concernant les crews que j’ai pu voir : tu vas retrouver dans ce DVD : Nasty, Slice : ce sont des mecs à l’ancienne, des mecs qui peignaient au début des années 90 : qui s’attaquaient beaucoup aux métros, à la rue : c’était vraiment des vandales, j’ai filmé aussi Le H lui est un mec de sarcelles qui fait des chats dans la rue. J’ai filmé aussi ADK CREW : c’est une équipe qui ne s’attaque pareil qu’aux trains sur la région parisienne, il y a aussi les GAP : c’est un très vieux groupe, un très vieux crew, les mecs tu peux les retrouver sur Paris, en Province : il réunit beaucoup de membres : on a fait un petit focus aussi avec eux : on a pas filmé tout le monde car ils sont beaucoup, mais quelques uns tout de même : les plus importants sur Paris qui sont actifs…..
D : Justement Jeeklow, aujourd’hui qui sont les graffeurs, quelle est leur « tranche d’âge » ?
J : Je pense qu’il n’y a pas d’age pour le graffiti : ça va du petit gamin qui a 11 ans et qui commence au mec qui a 37 ans, qui peint depuis 25 ans,il n’y a pas d’âge.
D : T’as accompagné des crew dans le métro ou pas ?
J : J’ai fais une vidéo avec ADK : on est parti sur un train : il faisait super chaud, et avec l’adrénaline, car quand tu filmes, t’as beaucoup d’adrénaline, parce que tu as peur de te faire attraper : et voila : c’était en plus dans un endroit particulier : tu avais le train et tu étais vu de la rue : et il y avait une gendarmerie juste à coté, alors ajoute une dose de stress et ça reste un bon souvenir.
D : c’est aussi peut-être ce qui plait aussi à certains graffeurs : ce coté adrénaline, ce coté je prends un risque et j’essaye de laisser une trace ?
J : En fait à la base pour plein de gens le graffitti c’est ça : c’est pas aller faire un graff dans un terrain vague : le graffiti c’est aussi prendre des riques : de faire un graffitti où tu n’as pas le droit : pour beaucoup c’est ça le « vrai graffiti ».
D : Jérome, quand sort le DVD et ou pourra t’on le retrouver ?
Jé : dans quelques semaines : disons courant du mois de novembre : et tu pourras le retrouver dans les Fnac, Virgin, magasins spécialisés : tous les points de vente habituels, et sur notre site : www.labelrougeprod.fr
D : Je crois que vous allez aussi sortir une édition spéciale ?
Jé : oui un coffret qui va inclure le Volume 1 et le Volume 2 en fait qui sera un petit peu plus cher que le vol1 tout seul bien sur : mais on va essayer de faire un beau produit, pour que les mecs qui ont raté le 1 puisse avoir les 2 pour pas trop cher non plus avec un CD rom offert, un petit plus en tous les cas : ça sera pour les fêtes de fin d’année.
J : je tiens juste à préciser que pour le numéro 2 on a fait la démarche de le faire moins cher :
Jé : On a tenu compte du contexte social et économique…
D : Le marasme économique tu veux dire ?
Jé : le pouvoir d’achat a baissé, donc on baisse notre prix : on annonce 12 Euros en prix vert alors que je me souviens le dernier était à 16 Euros en prix vert : on baisse notre prix, mais on ne baisse pas notre froc (rires), tout pour le Hip-Hop.
Lors du concert des Sages Poètes de la Rue au 104 j’ai eu l’opportunité de rencontrer Ben Leon, jeune artiste peintre. Voici la présentation de son univers.
Dany : Bonjour Ben, peux tu simplement te présenter ?
Ben : Je m’appelle Ben, j’ai 23 ans, j’habite près de Bordeaux, j’ai toujours eu un plutôt bon niveau en dessin, en art plastique à l’école, et disons que la peinture c’est quelque chose de tout nouveau pour moi, enfin de faire des tableaux : j’ai commencé en octobre dernier. J’avais pratiqué le graff dans la rue…
D : tu as donc commencé avec du graff, plutôt sauvage, comment en es tu arrivé à faire des toiles : sur un support
B : j’ai en fait commencé à faire du pochoir, et après l’idée m’est venue de le faire sur toile parce que je désirais faire une expo. Je connais quelqu’un, un ami qui est patron d’un bar qui organise pas mal de manifestations, concerts, expos et donc je lui ai demandé si je pouvais exposer des toiles. Il m’a dit qu’à partir du moment ou je faisais même une tache sur un tableau il l’exposerai… l’exposition a donc eu lieu.
D : plus que des taches, ton idée a été de reprendre/faire des portraits : je te connais aujourd’hui à travers cela, il y a une grosse tendance HIP-HOP dans ces derniers, peux tu nous dire quels portraits tu as déjà réalisé aujourd’hui et pourquoi cela ?
B : tout simplement parce que j’aime beaucoup le Hip Hop et que depuis tout petit j’ai été bercé là dedans. Depuis l’age de 10-12 ans. J’ai donc réalisé des portraits de personnalités Hip Hop comme Zoxea, Oxmo, Notorious Big.
D : j’ai vu que tu avais fais plusieurs modèles différents d’Oxmo :
B : effectivement, j’en ai fait un où il est sur scène avec un micro, avec un effet de projecteur dessus, que j’ai vendu d’ailleurs, et un autre avec une casquette en train de pointer un cactus du doigt (NDLR : clin d’oeuil à l’album cactus de Sibérie)
D : pourquoi as tu un jour eu envie de peindre ? et pourquoi une expo et tout simplement le pourquoi du comment des toiles ?
B : L’année dernière, je préparais une rentrée pour faire un diplôme en production graphique en alternance, en parallèle d’un job d’été je cherchais une entreprise pour m’embaucher et j’ai eu un accident: j’ai fais x jours d’hopital et 6 semaines de blocages avec un double fracture de la machoire : je ne pouvais pas passer d’entretiens, et donc rentrée fichue et forcer de « prendre une année sabbatique » et donc il a fallu que je trouve une occupation et comme le dessin est ma passion, j’ai voulu dessiner et faire une expo. Enfin à cette période la peinture a aussi été pour moi (sans en donner les raisons) un exutoire.
D : est ce que tu as un endroit où le public peut découvrir tes tableaux et en connaître les prix de vente?
B : j’ai fais ma première exposition et du coup cela m’a permis aussi justement d’avoir un avis là dessus et donc j’ai commencé un petit peu à vendre : j’ai vendu le portrait d’Ox 300 euros, format 40*50, et des petits tableaux format 30*24 que j’ai vendu 40 euros en moyenne.
D : quels étaient ces « petits tableaux »
B : celui de Notorious Big, celui de Vincent Cassel dans la Haine et un petit d’Oxmo.
D : on se rencontre aujourd’hui au concert de Zoxea, pourquoi es tu là ce soir ?
B : parce que j’ai été invité. Grace à Facebook notamment : Zoxea a vu ma toile il m’a filé le numéro de Sophie que j’ai appelé (qui s’occupe de Zoxea) et m’a demandé si je voulais venir et m’a donc mis sur la liste des invités.
D : Peux tu nous donner ta vision du Hip-Hop ?
B : c’est large, tout simplement moi j’ai été nourri à ça quand j’étais petit, musicalement j’ai commencé par ça et ce qu’il s’est passé c’est que je me suis rendu compte qu’au fur et à mesure le Hip-Hop a changé énormément. Le mouvement a évolué énormément, pas forcément dans le bon sens du terme à chaque fois et du coup j’ai commencé à m’intéresser à d’autres styles musicaux et notamment le funk, le jazz, la soul et en définitive tout ce qui a finalement fait le HH.
D : Ben quelque chose à rajouter ?
B : Pour le moment ce que je fais est un début, un loisir, j’ai je pense une grosse marge de progression et j’essaye d’aller dans le bon sens tout en essayant de garder la tête froide. Ce que j’ai fait pour le moment on va dire que c’est pas une mise à niveau, mais un entrainement, et que je voudrai aussi et surtout être plus engagé dans ce que je fais et de faire des choses plus percutantes encore : tout simplement en faisant réagir les gens à la vue de mes travaux : que cela soit dans la rue ou sur toiles, de poser des interrogations… que les gens se posent des questions
D : Tu ne vas faire que des portraits, ou aussi des toiles de paysages, des scènes de vie quotidiennes ?vers quoi vas tu partir ?
B : pour l’instant je vais plutôt rester centrer sur les personnages mais mélangés à d’autres choses.
A l’occasion de son Street CV/CD sorti le 15/12/2008 : « un pieds dans la street et l’autre en studio » AKI postule chez HIPHOP4EVER. Deux protagonistes se rencontrent pour un entretien d’embauche : AKI rappeur de son état et (moi)Dany interviewer, kiffeur de bon son. AKI se présente à 17h00, heure à laquelle il avait été convoqué par ma secrétaire (rires : le poste est ouvert).
A : Oui bien sur, le voici, il est présent dans le livret de mon street CD. Tous ceux qui vont l’acheter, ou l’avoir par un proche verrons qu’à l’intérieur il y a mon CV qu’ils pourront lire attentivement.
D : Merci AKI, j’ai déjà pu l’étudier en amont de notre entretien et doit vous avouer que je suis heureux de vous rencontrer ce jour, en effet notre société HH4EVER est toujours à la recherche et à l’écoute de nouveau challenger, de nouvelles forces vives. Je vous propose un entretien en deux étapes : dans un premier temps je souhaiterai que vous puissiez vous présenter, en revenant sur vos expériences. Ensuite, nous pourrons échanger, je vous présenterai à nouveau le poste pour lequel je vous ai contacté, et nous pourrons avancer ensemble. C’est à vous AKI.
A : Je suis un rappeur du 18eme, je m’appelle AKI La Machine, c’est un nom comme un autre . Parfois on me demande pourquoi la machine : c’est parce qu’on vit comme des machines, on écrit nos chansons, on presse, on travaille, entre deux on a nos problèmes de la vie, donc franchement de faire un album aujourd’hui c’est super dur. Donc voila je prétend que tout le monde qui est dans la musique à mon niveau c’est à dire dans l’underground et qui en même temps gère sa vie à coté vit comme une machine. Après il y a aussi le coté performance au micro qui fait aussi qu’il ne faut pas lacher la rime , qu’il faut continuer, genre on aime bien les improvisations, j’ai fais des clashs. Je suis AKI la machine du 18eme qui aurait pu venir de n’importe où.
D : peut être pouvez vous commencer par vos débuts dans le rap francais, cela permettra de vous mettre à l’aise et vous permettra sans doute d’enchainer sur votre vie et votre œuvre.
A : Les débuts j’étais dans un magasin qui s’appelait « Sounderground », je connaissais un mec qui connaissait justement Oswald de Perle Noir qui m’a présenté. Après comme Oz connaissait un peu le milieu et les ficelles, j’ai fais un maxi avec lui. Il m’a orienté vers les bonnes choses, parce que quand tu connais les studios, les fillons, les trucs, c’est plus facile… par la suite comme il était producteur d’Explicit 18, j’ai pu poser sur ce projet et faire mon premier « vrai » titre, qui est un peu sorti du lot (entre guillemet) en ce qui me concerne en tous les cas dans ma carrière : « Ma mentalité », morceau ou je n’ai pas trop de thèmes, j’avais écrit ce que j’avais derrière la tête.
Aujourd’hui je vois tout le monde rentre dans des thèmes, des théories, des trucs … pour moi le rap c’est terre à terre : c’est vrai qu’il faut des thèmes, mais je pense que la vie est déjà assez soulante, donc je pense qu’il ne faut pas que cela devienne une prise de tête, il faut que l’écoute d’un album soit une détente, que cela soit un sourire, une blague, une idée noire mais qui passe vite, des images qui passent mais tellement vite : cela doit être des ascenceurs émotionnels. C’est comme ca que je vois la musique. Après il y a eu Box Office (avec Tepa et Atis) : avec Tepa j’ai aussi beaucoup appris : comment écrire, comment faire un morceau … un refrain, et après entre les deux il y a eu plein de morceaux, de compiles, de mix tape, certaines sont sorties, d’autres pas. Ensuite il y a ce projet qui est réalisé par moi et par un des membres d’UGOP : Florent. Ce projet me définit, par encore dans toutes ses formes, mais c’est déjà une présentation, un début et c’est pour cela que je l’ai appelé mon Street CV.
HH4ever vous livre le CV d’AKI :
A : Ce n’est pas un album : pleins de gens me disent « ton album, ton album… » mais un album ce n’est pas ça : moi je dis qu’au début il faut se présenter. Un album cela se mixe dans des bonnes conditions, cela se masterise, voila ça demande des fonds, donc les gens qui parlent d’album, n’achètent pas les albums donc : quand les gens te disent « ouais, pourquoi tu as fait un street ? » : ce que je dis c’est que les gens qui nous connaissent pas doivent nous laisser faire notre parcours. Qu’ils nous laissent faire notre street album et notre album derrière, en fait je trouve que le Hip-Hop il y a trop de gens qui viennent mettre leur nez dedans et donner leur avis alors qu’ils ne connaissent rien au rap. Donc ce que je veux dire, et cela n’est pas aux auditeurs, mais quand tu ne connais pas quelque chose, ne viens pas m’en parler, moi quand un mec est dans les antiquités, je ne vais pas lui dire « tu vois ce tableau vaut des thunes… », moi j’y connais rien, je regarde le tableau, je ne parle pas de ce que je ne connais pas. Pour revenir sur cette école : moi, à part quelques rappeurs qui sont sur le coté et qu’on connait tous, et qui continuent à vendre des disques et qui continuent à avoir une notoriété après toutes ces années, et qui écrivent super bien, je trouve que dans le rap, ça se prend pas trop la trop la tête, ça n’écrit pas chanmé, et concernant 18eme et son école : ce que j’y ai appris : la règle d’or c’est que « si tu n’as rien à dire, tais toi! » : même entre rappeur, tu fais ton couplet, et si tu dis n’importe quoi évite de chanter : le mec, même si ce n’est pas ton pote il va te dire « s’il te plait tu dis n’importe quoi, évite de chanter ou arrette » : le 18eme c’est plus des gens qui ont quelque chose à dire et si ce n’est pas le cas ils se taisent : au lieu de s’inventer des histoires.
D : Merci pour cette présentation claire, elle confirme mes impressions vous concernant, et suis certain que vous êtes la personne qu’il nous faut pour ce poste. En effet nous recherchons un nouveau rappeur français, fier de son art, exprimant ce qu’il vit, ce qu’il voit et surtout sur qui on puisse compter. En effet et vous le savez déjà notre marché est très concurrentiel, justement à ce sujet, qu’est ce qui vous distingue des autres ?
A : Et bien déja la vérité : parce que il y a un ramassis de menteurs dans la musique : le rap est une musique « terre à terre » c’est la musique du peuple, maintenant si les mecs ne disent pas la vérité, qu’ils aillent faire une autre musique et voir ailleurs si j’y suis : dans le rap on est pas des chanteurs, pour eux on ne chante pas : si on est dans le rap et qu’on ne chante pas on fait quoi ? alors : si on ment : Je ne prétend pas que je suis le rappeur de l’année mais déja si tu veux entrendre la vérité tu le pourras, après c’est sur qu’il y a des rappeurs qui sont plus forts que moi, d’autres moins, mais après ils n’ont pas mes expressions, mes mots, et n’ont pas ma vision des choses.
D : Justement dans ce street Cv vous vous dévoilez quelque peu : vous parlez justement de votre mère, de l’absence du père, en même temps on retrouve aussi un coté égotrip, et revendicateur, vous parlez en effet, le terme est un peu violent des « bouffons » du rap en fait, ceux qui font ça pour le spectacle par exemple ?
A : j’ai dis ça dans un morceau ?
D : Vous vous ne dites pas ça, mais c’est selon moi un peu sous entendu : vous mettez en lumière aussi ceux qui font du rap juste commercial : du rap pour faire du rap (et de l’argent) ?
A : je pense que si tout le monde l’avait écoutez comme vous, franchement cela me ferai plaisir parce que déjà tu es la première personne qui me dis cela, les gens n’avaient jamais bloqué sur ça, en plus tout à l’heure tu m’avais déja parlé du père et de la mère, cela veut dire que tu as bien écouté, et après il y a des gens qui vont me dire oui mais tu as vu, ca tabasse, ca tabasse mais il n’y a pas de thèmes personnels et toi la première chose que tu m’as dite c’est qu’il y a des choses plus personnelle. Aussi je pense que c’est selon comment tu écoute mon album et la façon dont tu respecte la musique qui font tout cela, après s’il y a des bouffons dans la musique, je pense qu’il n’y a pas besoin d’écouter mon album ou mon street album pour savoir qu’il y en a : ou que cela soit, tu prend n’importe quel clip, tu le prend au hasard, tu le montre à ta mère ou à quelqu’un de ta famille qui a plus de 30 ans et tu verras qu’il va rigoler et tu ne pourras pas l’empecher de rigoler parce que c’est parfois ridicule, et maintenant ce que je dis c’est que si un rappeur ou quelqu’un a un combat, il faut déja qu’il ait des bases solides : si tu n’as pas cela, ton combat est perdu d’avance : c’est comme les rappeurs qui font de la philosophie : mais on va te mettre de vrais philosophes devant toi et là on verra si ta philosophie va tenir debout. Ces derniers connaissent leur domaine ; moi je parle de ce que je connais : je connais le grec à coté, je connais l’épicier chez qui je peux prendre un flash pour oublier mon passé, c’est ce que je connais : je ne te parle pas de trucs exorbitants, des mots que j’ai pris dans le dictionnaire et que j’ajoute à mes textes : il y en a qui n’ont pas ces mots et je pense que tous ces rappeurs qui n’ont ni ces concepts, ni ces mots s’affichent avec leur personne : le temps que tu passe à les voir s’afficher tu oublies qu’ils ne savent pas rapper : je ne dirais pas que ce sont des bouffons…
D : Aujourd’hui nous sommes dans un climat tendu :avec l’industrie du disque qui est un peu difficile à vivre en ce moment : vous êtes en autoprod, pouvez vous nous parler des moyens et du comment est sorti cet album ?
A : je l’ai fait comme tout le monde en fait, comme n’importe qui : même pas avec les moyens du bord, avec les moyens des gens qui sont sur le quai : on a fait ça avec notre argent, avec notre patience avec un stylo, après c’est vrai que les magazines c’est bien parce que il y a des puristes des fois et quand il y a deux trois puristes et bien ça te permet d’avoir une petite chronique ou un petit article et quand ces puristes là t’ont suivi depuis et qu’ils se disent ah oui celui la ça fait 10 ans ou plus de 9 ans qu’il essaye, qu’il met son argent et tout, ce qui est positif c’est quand ces gens là te donnent un petit article ou un petit morceau à droite à gauche, qu’ils en parlent ou quand il y a des gens comme toi qui viennent et qui nous posent des questions : tout ce qu’on peut gagner c’est un petite question intelligente parce que le mec il a écouté.
D : sur « NON Certifié NF » qui est un morceau très spontané vos mots sont que vous « auriez du l’effacer » vous avouez que vous êtes à deux doigts d’arrêter le rap français ? Pourquoi ?
A : il y a un moment où tu es lassé de ressasser les mêmes choses, de reparler des mêmes trucs, il faut se rendre compte qu’il a des choses qu’on dit depuis 10 ans et il y a encore des jeunes aujourd’hui qui ne l’ont pas compris donc franchement c’est un peu soulant.après il y a aussi ce mouvement qui fait qu’il faut connaitre untel ou untel, qu’il faut rentrer dans les formats de telle ou telle personne et tous ces trucs là font que … après je n’arreterai pas : c’est clair :! je crois plus au rap qu’en l’humain donc je n’arreterai pas le rap, mais je pense que je me suis mis des freins ou je me suis fais des raisons au niveau de réussir ou ne pas réussir : le rêve s’arrette au bout d’un moment et la réalité prend le dessus : ce morceau est en fait une pensée derrière la pensée, une métaphore inconsciente : mais je ne vais pas stopper c’est sur.
D : Vous êtes donc toujours amoureux du rap francais, aussi, si vous nous rejoignez, quels sont vos projets ? un album est il prévu, quelle est la suite ?
A : il y a un album qui va arriver, j’espère : je travaille encore dessus, je ne suis pas encore satisfait par tous les morceaux. On y retrouve de nombreux thèmes : l’album sera plus complet, plus à plat, en fait au début mon Cv est fait pour me présenter, après l’autre qui va arriver me permettra de concrétiser : avec une ligne directrice plutôt rap conscient, calme : il n’y aura pas d’énervements, cela sera calme, posé à écouté reposé avec une petite tysane (rires) : ce sera un album sans prétention, pas un album à dix balles … mais l’album d’un rappeur qui a un mal-être.
D : quel est le morceau du street CV qui montre le mieux la direction dans laquelle vous allez ou êtes en train d’aller aujourd’hui ?
A : Mon Cv ou je décortique mon parcours : mais aussi des thèmes ou je décortique bien pourquoi je pense comme c, pourquoi je vais dans ce sens là. Ce ne sera pas des freestyles ou des suites de phases qui claquent, cela sera plus des thèmes, des réflexions, des tournures de phrases : comme mon CV en somme : c’est pour cela que dans le street j’ai voulu mettre deux trois titres qui amènent vers l’album comme ça la personne qui écoute est emmenée en crescendo dans mon délire
D : « Personne ne gagne » (morceau de l’album avec Messieurs Tepa et Koma) : est à mon gout dans cette idée, car étant un morceau très abouti, chacun des trois protagonistes avez pris le temps d’écrire
A : oui, cela s’est fait de manière spontanée, après chacun avance un thème et une direction : cela sera plus dans cette idée là. Il y aura aussi des titres comme « Un pied dans la street », avec un refrain qui englobe le thème : j’aime bien aussi les thèmes légers : dans la légerté, quant on survole un sujet on peut donner ses idées sans prétention et juste donner son avis et non une vérité mais un avis.
D : avez vous quelque chose à rajouter ; un point que nous aurions oublié d’aborder ?
A : le mot de la fin : que les auditeurs et auditrices puissent pencher un peu leurs oreilles dans les bacs ou sur internet et qu’ils essayent de comprendre ce qu’on écrit dans le rap et qu’on a vraiment envie de faire avancer les choses et on ne peut pas le faire s’ils n’écoutent pas.
D : merci pour cet échange fort enrichissant, je dois encore voir deux ou trois autres candidats d’ici à la fin de la semaine. Je reviens vers vous au plus tard Lundi prochain.
AKI : Merci à toi : je reste à ta disposition pour tout renseignement complémentaire.
3 jours se sont écoulés et j’ai rappelé AKI pour lui proposer le poste et lui demandé s’il était toujours intéressé. Nous nous sommes revu pour signer un contrat. AKI est depuis le 31/01/09 collaborateur de HipHop4ever ! Rejoignez nous!
Voici le premier morceau que AKI a choisi de mettre en avant : c’est le titre de son album « un pied dans la street l’autre en studio »
Direction Bastille, non pour faire la révolution mais pour rencontrer des membres d’ATK pour une occasion bien particulière : la sortie d’un album hommage à l’un des membres : Fredy K , parti trop tôt. Je suis donc avec Cyanure d’ATK dans le show room de Notorious Communication, interview posé, pleine d’amour et de vérité(s): à lire! RIP FK! (Kesdo n’a pas pu être là mais on pense à lui).
Dany : Bonjour Cyanure, ce que je te propose en guise d’introduction c’est que tu nous parles du projet globalement,ce qui permettra de prendre nos marques.
Cyanure : C’est un projet qu’on a décidé de monter avec Kesdo, le frère de Fredy K. Ce projet a débuté très rapidement en fait après son décès, ce qui a pu en choquer quelques uns. Mais voila, moins d’une semaine après le décès de Fredy on s’est retrouvé dans le studio avec Kedso et on s’est dit vient on rassemble tous les ATK Originels donc la plus de vingtaine de Mc, on fait un morceau, on le balance sur internet, ça permettra à tout le monde de se revoir, et cela permettra à tout le monde de se parler, et d’évacuer la chose. Donc si on monté le projet aussi rapidement c’est parce que déjà on en avait le besoin. C’était important qu’on soit réuni chacun tous ensemble et puis aussi, on voulait laisser volontairement le Cd avec Fredy en fait…. Ca c’est l’idée qu’on a eu un petit peu après en y réfléchissant, mais surtout c’était de se réunir tous parce que ça nous a fait beaucoup de bien de se voir, on s’est vu dans les larmes et ensuite, au bout d’une heure on s’est rappelé de nous tous adolescents, les conneries de Fredy et de chacun, … donc c’était un exutoire.
Et puis « FK pour toi » parce que c’est un gimmick que faisait Fredy : il disait souvent (par exemple sur la Dontcha3 ou 4, et puis quand on passait à la radio, il disait toujours « Fk pour toi » et donc c’était lui qui donnait aux autres et la c’était un retour de tout le monde pour lui.
D : Merci pour cette intro Cyan,ce que je te propose c’est que tu nous décrive un peu qui est FK, alors ce qu’on en sait, même si tout le monde ne connait pas FK ni ATK, ce qu’on va faire c’est qu’on rappellera aussi ce qu’est ATk, mais d’abord parle nous de FK : il a commencé le rap à 12 ans, …peux tu développer plus sur ce Monsieur ?
C : Eh bien, à la base je connais Kesdo, qui est le grand frère de Fredy, et en tant que grand frère de Fredy, Fredy a du être inspiré beaucoup par son frère : ils habitaient aussi Saint Denis, une ville qui est aussi un vivier de Mcs. Fredy c’était le plus jeune de la bande, mais pas du tout un poids par contre, c’était le plus jeune, mais quand même aussi le plus motivé : c’est un peu démago de dire vraiment ça, mais il était très très motivé et motivant et surtout justement dans les années après la sortie d’Heptagnone (NDR : nous sommes en 1998) : ca a toujours été quelqu’un de souriant, mais aussi d’hyperactif c’est à dire qu’il avait souvent trois projets simultanément, qu’il a monté son studio « Oxygène », à Stalingrad, qu’il a monté un magasin de Street Wear et de Cd, que là il voulait commencer à apprendre de la guitare parce qu’il se disait, ca serait bien que sur scène je sois guitare sèche, enfin tout ça c’était vraiment un hyperactif, et dans le sens très positif et s’il y a vraiment quelqu’un que je pouvais présenter, amener partout sans quelconque problème parce qu’il a une facilité d’adaptation c’était Fredy.
D : Ok Cyan, l’idée je pense pour retenir quelque chose de FK, est ce qu’on pourrait essayer ensemble de le définir en cinq mots : moi j’en avais trouvé quelques uns,et nous sommes déjà plus ou moins d’accord sur certains, peux tu donc toi en reprendre 5 ?
C : C’est vrai que généreux et souriant sont réellement des mots qui le caractérisait. Tu le voyait se balader dans la rue à Stalingrad, en train de dire bonjour un peu à tout le monde, vraiment dans son petit village, il pouvait filer des coups de mains à tout le monde, interpeller tout le monde : « ouais je te ramène ton truc, ouais t’en fais pas pour ce que tu m’as demandé, ça arrive… », donc il était vraiment généreux et souriant. Quelqu’un de très motivant comme tu le disait, qui porte sur ses épaules des projets, quelqu’un qui ne se décourageait jamais, et quelqu’un d’ambitieux, mais pas dans le mauvais sens du terme : ambitieux parce que si tu veux retracer l’histoire, Fredy dans une famille avec pleins de frères et soeurs, et puis avec une situation un peu « chiante à gérer » en France, mais qui ne baisse pas les bras, quelqu’un qui à terme aurait visé la lune mais qui savait qu’avant de viser la lune il y avait des étapes et qui vraiment avançait étape par étape.
D : D’où un morceau comme « Rien ne m’arrète » ? c’était sa ligne directrice ?
C : Oui c’était complètement ça. C’est « ah tient on est en galère il n’y a plus d’essence, on vient de crever, non mais c’est cool, on est sur l’autoroute, le chemin c’est tout droit, on peut y aller à pieds, … » . Tu vois : le mec vraiment super motivant et puis quelqu’un à l’amitié sincère : quelqu’un de sincère : c’était un ami : tu pouvais compter sur lui et puis des amis il en a pas mal…
D : Le mot amitié est un très bon enchainement pour la suite : cela introduit le projet un peu plus en détail; l’idée justement était de réunir des amis, des activistes reconnus ou moins connus, des gens qui était autour de toi, de lui, de vous ATK, on a parlé des 20, 21 ou 24, on va dire la vingtaine (rires) et l’idée c’est que donc il y a eu reformation de la vingtaine de Mcs, mais aussi des gens qui ont rendu un hommage à FK comme ceux de La Cliqua (avec Daddy Lord C et Kohndo), mais aussi Zoxea, Ill, Mokobé et Manu Key (Mafia K1fry). Mais comment cela s’est-il fait : cela s’est fait spontanément ou vous les avez appelé pour leur dire voila on fait ce projet ?
C : En fait on est parti du premier morceau avec tous les membres du collectif ATK (les premiers Atk), la nouvelle s’est répandue assez vite, sur le décès de Fredy, mais je pense que les gens ne savaient pas qu’il y avait un projet sur Fredy, donc on a été en chercher par téléphone, mais par contre il n’y a pas d’intrus. C’est à dire que Zoxea on l’avait rencontré en 96 parce qu’il animait une émission qui s’appelait « Quoi de 9 BB » sur Génération, il nous avait joué le disque, il nous avait fait les gars je vous invite la semaine prochaine…c’est vraiment un mec qui a les bras ouvert et qui a toujours répondu présent, a chaque fois qu’on l’a invité sur un freestyle il est venu, je l’ai capté il descendait de l’avion,(je ne suis pas allé le chercher à l’aéroport), il arrivait; il repartait le lendemain, et il m’a dis vient on le fait au studio, il n’y a pas de problèmes,c ‘est pareil pour Kohndo, on a fait des concerts ensemble, c’est un ami de longue date, c’est aussi quelqu’un qui vu que Fredy c’était un petit renoi en France mais qui se bougeait : qui était pas en bas en train de se morfondre, qui se disait « ah ouais putain », il a vu que Fredy se bougeait. Manu Key et Mokobé de la Mafia K1fry c’est aussi le cas, Fredy tu pouvais le croiser un même week end à plusieurs endroits : « ah oui j’ai vu Fredy j’étais à Lyon,… moi je l’ai vu à Orléans, mais non tu as révé, …. les mecs vous devez réver il était avec moi hier soir …. « : et non : en fait Fredy il prenait sa caisse et il faisait le tour des radios blacklist parce que c’était un gars du terrain. Comme il bougeait partout il a pu rencontrer pour le coup beaucoup de monde, et les 80 rappeurs c’est assez restrictif : ils auraient pu être 200(rires).
D : Le facteur commun c’était déjà le respect, mais aussi et surtout l’amitié : de la reconnaissance aussi : il n’y a pas que des têtes d’affiches sur ce projet : il y avait des gens qui ont aussi commencé avec lui ou plutôt qui ont commencé à s’intéresser à ça(rap) comme les Ultim Atom qui font d’ailleurs sur l’album un très beau morceau : un vrai bel hommage …
C: C’est vrai que Ultim Atom on les avait rencontré à l’époque on avait fait ensemble une compilation qui malheureusement n’est jamais sortie qui s’appelle « Prestige » sur laquelle un jour Grodash a appelé Test, et puis il lui dit ouiais, on pourrait faire un morceau ensemble, et puis Test luidit Ok, et finalement on fait tout un album ensemble. Grodash avait ramené les Ultim Atom, PKR, Templar, Fix Reeno et Sinik à l’époque: nous avait ramené TPS (devenu ensuite Inkoruptible d’esprit) : assez rapidement on a fait un album et voila , donc ce sont des histoires qui sont marquées dans le temps, donc les gens qui sont venus ne sont pas des instrus, et puis comme Fredy avait son studio Oxygène à Stalingrad et qu’il enregistrait plein de petits rappeurs et pleins de plus gros aussi : y a même un mec du Wu Tang qui était passé… et donc il connaissait beaucoup de monde. Donc tous les gens qui sont venus sur le projet sont venu en apportant un réél témoignage.
Avant de continuer dans notre interview voici un clip/graffiti en hommage à FK (morceau « j’fuck » de l’excellent album Heptagone):
D : A la base les instrus avaient je crois d’abord été faites par Kesdo pour faire un album avec son frère (FK) et du coup est arrivé ce qui est arrivé et vous avez repris ces prods là pour en faire un album hommage.
C : Les instrus avaient été faites des années auparavant, ils trainaient dans les disques durs de Kesdo, et un peu avant il s’étaient vu avec Fredy et ils avaient décider de faire un album. Kesdo lui avait dit « t’es mon petit frangin, j’ai pleins de connexions, il faut que ça te serve, il faut que ca pète… « Donc finalement on choisi des instrus, on a appelé tous nos potes qui rappent et on a fait un projet sérieux avec ca mais aussi des pros d’Axis qu’on a rajouté.
D : Peux tu me parler du ressenti, déjà au début du projet, mais aussi un petit peu plus tard avec les premiers retours que tu as pu avoir des participants, et le retour de gens comme moi, d’acteurs, de public et ou d’activistes du Hip Hop ? En gros le ressenti que tu as pu voir dans tes yeux et ceux de tes proches … et de monsieur tout le monde qui vous suit ou qui suit le HH ?
C : le ressenti sur ce projet c’est quand même avant tout aussi un projet égoiste à la base : on a sorti le projet pour nous déjà, quand je dis nous c’est les proches et la famille : c’est à dire que le décès de Fredy passe pas comme une simple nouvelle donc c’est avant tout un exutoire:on s’est pas dit les gens autour vont être content, on s’est dit que nous on devait le faire : surtout que cela a été fait assez à vif, et puis effectivement avec le recul moi j’ai fais quelques petits concerts, l’année derniere et c’était touchant par exemple à Strasbourg, on descend de scène et y a une fille qui m’appelle et qui me demande de venir et elle me fait « oui voila je tiens à te donner ce petit mot » : elle avait pris un flyer à l’entrée et elle avait écrit dessus au feutre : « Fredy K avec le coeur on pense à toi » : et c’était quelque chose de complètement gratuit qui ne demandait rien : un acte très spontané qui m’a énormément touché parce que je me dis que cette personne qui ne connaissait pas Fred, qui n’habitait pas Paris, qui prend la peine de me parler après le concert : c’est touchant.
Ensuite le projet il y a quelques mois a été gelé parce que Kesdo était en Cote d’Ivoire et c’est assez dur d’avancer dessus: donc cela explique la durée aussi avant la sortie. Fredy est mort le 6 novembre 2007, pour refaire la chronologie : les enregistrements ont du commencer verts le 11 ils ont du se terminer le 15/20 décembre et à ce moment là Kesdo part en Cote d’Ivoire avec les Masters pour les mixer là bas. Le projet est quasiment fini et ressemble quasiment à ce qui est sorti : là on est au 31 janvier 2008. Ensuite on a rajouté un dernier morceau in-extremis, mais sinon pendant un an ca n’a pas pu bouger parce que finalement après avoir délivré un projet très à vif il y a eu aussi un contre coup : il y a eu une énergie : on bosse on fait le truc et après une fois que le projet a été terminé, et fini d’être mixé par Kesdo, lui au pays je pense que c’est là aussi ou lui a pris conscience du truc : donc il y a eu eu aussi une période un peu dure et ensuite quand tu trouve un deal ce qui a été une chance (grace à une amie) il faut aussi le temps de le sortir. Mais c’est vrai qu’il aurait pu sortir quasiment en l’état il y a un an.
D : L’objectif premier était d’abord un exutoire, de sortir un projet en hommage à FK, c’est aussi de le but de reverser les bénéfices du disque à sa famille ?
C : Oui mais c’est évidement symbolique et c’est pas l’objectif premier : il arrive très loin derrière : on s’est pas dit il faut de l’argent pour la famille donc on va le faire : on s’est dit on fait un album, on appelle les potes, parce que ce sont les potes de Fredy, et c’est vrai que tant qu’à le faire, diviser ce que tu touche sur un disque par 80, ca ne fait pas grand chose, donc pourquoi pas le redonner à la famille : c’est une forme de soutien aussi.
D : J’ai essayé de faire un parallèle avec l’album concept « Mesrine », c’est à dire de centrer un album autour d’un homme et je t’avoue que j’ai commencé à parler de l’album sur Mesrine j’étais plutôt négatif, je me demandait ce qu’on pouvait bien dire sur un mec au travers de 20 titres, même si à chaque fois le rappeur est différent …bref.. sur Fredy c’était à la base un peu la même idée et c’est vrai que cela n’est pas vraiment facile à la base de réussir autour de 16 morceaux : mais vous avez réussi à la faire au travers de teintes différentes, il y a des concepts différents, des choses mélancoliques : sachant que pour moi le morceau « Pas facile » est très touchant (NDLR : avec un refrain de Fredy justement) : pour montrer le coté mélancolique, intime et triste (forcément) : et des titres un peu plus péchus, par forcément rigolos, mais plus énérgiques comme « N’envie pas ce que je suis » avec le Klub des 7 : du coup l’album est riche en contenu, et en thèmes plus ou moins tristes : peux tu développer là dessus ?
C : Effectivement la difficulté de parler de quelqu’un sur tout un album c’est d’autant plus difficile que comme chacun avait 4, 8 ou 16 mesures et quasiment jamais plus, et que chacun voulait exprimer quelque chose c’est vrai qu’on pouvait tourner en rond parce que chacun a la même idée sur Fredy, finalement non. Quand tu écoutes le morceau « Fk pour toi » : celui qui nous réuni tous : il y en a un qui rap et tu dis à oui, FK c’était quelqu’un de généreux, un autre va rapper et là on se dit ah oui, il est ambitieux, ah il souriait toujours, donc à chaque fois qu’un rap il apporte encore une petite nuance à la description et au personne que tu peux te faire de Fredy. Après c’est vrai qu’on ne voulait pas être trop mélancolique ce qui est assez difficile vu le sujet, moi je trouve que Ultim Atom dans leur morceau s’en tirent très bien : c’est un morceau plein d’énergie justement qui parle d’une époque ou on était ados, c’est aussi un des morceaux que je préfère, le morceau « point de non retour » est sur-mélancolique parce qu’avec FK plus de classe avec une petite guitare sèche et c’est justement Fredy qui y parle de la mort. Effectivement avec le club des 7 on a pris le parti d’être un peu moins facile, parce qu’on se disait voila même si moi je le connaissais bien, certains des membres ne l’avaient rencontré que depuis 3 ans : donc on a vécu pleins de choses ensemble, on a fait une tournée, donc après on était très très soudés, mais ils avaient une image de Fredy : le mec qui rigole, donc même sur ce morceau hommage on essaye de retranscrire ce qu’on connait de lui. On aurait pu croire que l’album allait tourner en rond et être rébarbatif, mais que non : tu peux trouver pleins de choses, même si il n y a pas eu de direction artistique et qu’on a pas dit à quelqu’un il faut que tu écrives un truc qui parle de ça.
D : une petite anectdote ?
C : Oui sur le morceau « Pas facile » on a eu une grosse difficulté : parce qu’au départ on devait être les 7 ATK (qui avait fait Heptagone) pour le coup on a perdu des voix pour ce morceau: entre la France et la Cote d’Ivoire, et Tacteel a enregistré un texte, il voulait évidement participer mais pas en faisant des scratchs, il a fais un 16 que j’ai envoyé ensuite à Kesdo en Cote d’Ivoire et pour le coup les connexions internet avec la Cote d’Ivoire ne sont pas des plus dingues et on a perdu ça… on aurait du être tous les 7. Un jour on pourra peut-être le remettre et voir en plus Tacteel qui rappe : il voulait dire autrement qu’avec des Scratchs ce qu’il ressentait.
D : Et la suite ? ATK à 5 ? Antilop Sa n’était plus avec vous donc vous n’étiez plus que 6, et donc par la force des choses vous n’êtes plus qu’à 5, un heptagone à 5 faces ça ne va peut-être pas le faire : donc est ce qu’il y a une suite … d’autres choses…
C : c’est vrai que sur ATK, Tacteel n’est plus non plus dans le crew, dans les dernières aventures, mais moi quand on me dit ATK, j’ai souvent le chiffre 7 qui me revient en tête : donc sur la suite c’est vrai que Fredy était un ciment pour nous tous, sur le projet silence radio qui était sorti, sur les oxygènes : c’était quand même lui qui avait le studio : il faisait le lien : il disait « là je cale une séance, il faut que vous veniez« , c’est lui aussi qui s’est donné le plus de mal pour réunir le groupe plusieurs fois : sans Fredy on a donc perdu une énorme base. Maintenant ATK : un projet ATK honnètement ce n’est pas envisageable, plus en tous les cas dans cette configuration, maintenant, voila Test fait un solo, il appelle Freko, Axis, il m’appelle on est présent, on est toujours connectés. Quand il y a des radios on s’appelle les uns les autres: sur les projets de chacun : il y en a toujours un. Mais encore une fois sur l‘Assos de Dingues (groupe de Freko) il y avait un morceau sur lequel Fredy Test et moi avions posé, un morceau sur lequel moi j’avais posé avec Fredy et on était encore une fois en studio et hop, pas de sauvegarde…. et sur l’assos on était plus présent que ça.
Plusieurs morceaux de l’album sont disponibles dans la section « SONS » du site dont un inédit de FK.
Enfin plus d’infos sur ATK ici : www.myspace.com/atkmongroupe
Merci à Cyanure pour ce témoignage et merci à Violaine de NC. – Interview réalisé pour HipHop4Ever par Dany
C’est dans les locaux d’UGOP que je rencontre Enigmatik. Enigmatik, du Rap au féminin, ça fait du bien! Mais trève de bla-bla, rentrons dans le vif du sujet.
Bonjour les Enigmatik, pouvez vous vous présenter?
“Moi c’est Salima, à coté c’est Fathy, donc le groupe Enigmatik existe depuis 1998, en gros ca fait un peu plus de 10 ans que le groupe existe, et avant on était trois, on le précise, et maintenant cela fait un peu plus d’un an qu’on est deux : la troisième (Aicha) a décidée de faire une carrière solo. Ce qui vous réuni aussi c’est que vous soyez deux sœurs ?
Franchement pas du tout, on est pas du style à faire des différences, on a pas de souci là dessus. C’est vrai qu’il y a des liens plus forts entre sœurs, mais bon ce n’est pas la raison qui a fait qu’elle soit partie en solo, les chemins se sont séparés pour ça. On lui souhaite évidement bonne chance.
Ca fait a peu près dix ans que vous rappez : au début au sein d’un collectif qui s’appelle la perle noir, qui est déjà une connexion avec l’équipe actuelle, pouvez vous nous en parlez un peu?
En fait Perle Noir est un album qui s’est fait deux ans après qu’on ait commencé à faire du rap et c’était un album fait par les personnes qui nous ont initiés au rap : qui nous ont donné gout au rap, avec qui ont a commencé à bosser et qui nous ont invités sur leur premier projet et donc c’était notre première apparition sur un maxi : à partir de là tout s’est enchainé. Dans ce maxi, il y avait Oswald qui est maintenant notre manager : et donc lui aussi faisait du rap avant, mais maintenant il est plus dans le management et s’occupe de nous : on est d’ailleurs dans le label UGOP dont il fait parti et dont on fait parti aussi.
Bonne transition sur UGOP : est ce que vous pouvez nous en parler un petit peu ?
UGOP est un label indépendant, qui est né en 1999, qui a ses locaux dans le 18ième depuis 2003, et au label on fait du développement d’artistes, on fait pas mal de choses dans le domaine associatif : avec des ateliers d’écritures, avec des jeunes du quartier, on a sorti nos projets aussi sous la bannière UGOP. On a notre studio, on a les beatmakers qui travaillent ici, c’est vraiment un délire entre potes, et c’est aussi un label: on y kiffe l’ambiance. C’est une structure qui est bien organisée, mais au dela de la structure, c’est vrai que c’est une grosse famille, cela fait 10 ans qu’on se connait quasiment tous et on bosse avec les mêmes personnes depuis le début.
Vous aviez commencez avec des ateliers d’écritures, donc vous aviez envie de continuer à transmettre ca ? Oui, tout à fait.
Vous êtes issus du 18ième, et le 18 c’est plus qu’un arrondissement, un lieu, c’est aussi une Ecole de rap, il y a des artistes comme Flynt, comme la Scred Connexion, pleins d’autres, pouvez vous nous parler de cette Ecole du 18ième ?
C’est vrai que pour nous le 18 c’est le berceau du rap, et c’est toujours les résistants du rap actuel, donc c’est vrai qu’il y a des grands rappeurs comme la Scred, Flynt, je peux en citer plein : Sidi O, AKI, Dino de Beatstreet, donc on est vraiment fière et on revendique le fait d’appartenir à cette école et on essaye de porter le message. Pour nous cela fait parti de nos fondamentaux, de nos bases, on a le rap et on aimerait bien aussi être une référence dans le 18ième. Le rap du 18ième a sa signature, nous on a grandi avec cela, c’est une réelle influence pour nous.
Avant de continuer notre entretien, je vous propose (pour ceux qui ne les connaissent pas encore) de découvrir un de leur morceau : Ici ou ailleurs :
On va maintenant plus rentrer dans votre album : qui est d’ailleurs plutôt un street- album qui est composé de 14 titres et 2 instru,
Le morceau ici ou ailleurs : c’est le morceau qui m’a le plus scotché, et je ne suis pas seul, ceci s’expliquant : le morceau est très bien construit : c’est un constat : avec la punchline suivante : “la patrie des droits de l’homme cultive le racisme” : qu’est ce que vous avez à dire sur ce morceau?
Ce morceau nous tenait particulièrement à coeur : de part nos conditions d’enfants d’immigrés, issu d’un quartier populaire : au quotidien, on vit d’une manière assez particulière et c’est un morceau à travers lequel on voulait exprimé notre vécu d’enfant d’immigré mais après par rapport au morceau, on aurait pu en faire tout un album : c’est vraiment un sujet inépuisable. C’est un truc qu’on a toujours vécu : quand on va en Algérie, on a toujours ce discours là avec les gens de la famille : un peu la comparaison entre notre vie en France et la vie en Algérie : mais une vision qui est faussée, parce que la famille en Algérie pense qu’ici tout est facile alors qu’ici on a aussi tout à construire, et c’est vraiment une histoire de jeunes qui ont du mal à se positionner par rapport à leur double culture, qui sont en quête de leur identité et qui n’ont pas envie de choisir, mais à qui parfois on demande de choisir, ou à qui on impose un choix, ou des étiquettes tout simplement. Là bas, quand on va là bas on est appelé les immigrés, quand on est ici on est des enfants d’immigrés. Du coup on est entre les deux, on est ni … c’est assez difficile, on est tiraillé entre deux cultures…
On va enchainer sur un deuxième morceau de l’album qui se nomme “citoyen de seconde zone” : qui parle de tous les gens qui sont exclus, qui “naissent moins libres et égaux” que les autres, c’est un constat d’un regard que les gens peuvent porter sur une partie de la population : ceux qui sont mis de coté, pouvez vous nous expliquer ce morceau?
C’est vrai qu’on a pris en exemple 3 cas particuliers : on a pris les personnes incarcérées qui sont mis de coté une fois sorti de prison, on a pris les immigrés encore une fois (rires), et on a pris les marginaux, les sdf, tous ceux qui sont mis de coté, et on a pris chacune un cas particulier qu’on a exprimé dans la chanson, et en gros c’est pour dire la difficulté d’être en dehors de la marge.
Ce morceau est avec un invité de marque : Mokless. Oui, on a eu Mokless de la Scred Connexion, il faut savoir qu’on a commencé les ateliers d’écriture avec lui (quand même) et on va dire que Mokless est un peu le grand frère, il nous a toujours un peu guidé, conseillé et la on est contente qu’il ait accepté le featuring.
Le morceau suivant que je voudrais mettre en lumière est “le fléau de l’ambition”, avec une image qui est celle d’un vêtement, et j’avoue que je trouve la prod magnifique. Quel est le message de ce morceau? La prod est de Okin, le message c’est qu’on a tous des ambitions des projets, mais qu’on est pas non plus prêt à tout, ça n’engage que moi, mais je ne suis pas prête à tout pour arriver à mes fins. C’est un maniere d’aborder ce thème, car dans le monde de la musique et même au quotidien, dans tous les milieux, on a rencontré des gens qui avaient des ambitions débordantes, prêt à tout pour écraser les autres, nous on est pas prête à ça.
Dans ce morceau (et dans d’autres aussi) Salima, tu chantes : c’est surprenant et agréable. En fait moi en plus du rap j’ai fais du chant classique avec une chorale (connue) donc voila on va dire que c’est mon petit truc en plus, j’ai essayé de chanter sur certains morceaux. Aujourd’hui je ne sais pas si je le referai, je ne me sens peut-être pas encore vraiment capable de le faire plus, dans ma vision des choses : le chant si tu n’es pas super fort tu laisse tomber : tu vois ce que je veux dire. On verra par la suite si je vais chanter ou non. Fathy : ah si tu devrai… / Salima, oui mais je ne veux pas qu’on me catégorise dans le RNB, car pour être crédible dans le chant il faut avoir un très bon niveau, ce qui est par exemple le cas de Soprano… je n’ai pas envie qu’on me catalogue : je fais du rap et il m’arrive de chantonner.
On va parler du morceau “Sous le chapiteau”, tout se passe sous un chapiteau : vous êtes des clowns dans un cirque, c’est très imagé, et qui parle de la vision que peuvent avoir les médias sur la société : avec la manipulation des images… qu’est ce que vous voulez en dire de ce morceau ?
C’est vrai que ce morceau est vraiment une métaphore du monde : une manière pour nous de faire prendre conscience aux gens qu’on a l’impression parfois d’être dans une mascarade, et que tout le monde ne nous ressemblait pas, qu’il y avait des choses insensées, irréalistes, après c’est un morceau à prendre au 2ième degré aussi, mais qui est là aussi pour dénoncer certaines choses. Salima : dans ce morceau, on a essayé de prendre l’image à la Fellini, du monde comme un cirque et on voulait comparer certaines disciplines du cirques et les comparer aux politiciens un peu “illusionnistes”… en gros, on a essayé de jouer avec les termes qui sont propres au cirque : et on a donné notre vision des choses mais il faut le prendre avec un certain recul : les choses sont imagées : et dans le même délire, il y a le morceau “à ce qu’il parait“(qui lui est plus engagé encore).
On va continuer avec le morceau “A ce qu’il parait” avec Aki qui n’est d’ailleurs pas loin avec Box Office et Tepa : c’est un morceau sur les clichés et les différences, avec des punchlines… ce qui est agréable, c’est que chacun votre tour avez des enchainements rapides de vérités simples, que voulez vous dire de ce morceau?
Déja, je dirai qu’à ce jour c’est le morceau qui nous ressemble le plus dans la direction qu’on est en train de prendre, c’est vrai que moi personnellement j’aime bien la construction du morceau, cela s’enchaine assez vite, en même temps, pleins de thèmes sont abordés, le rythme, l’instru font un morceau intéressant : de plus, on a été content de collaborer avec des gens comme Tepa, Aki c’est la famille, on a pu aborder toutes les choses qui nous tiennent à coeur, je précise, qu’on va sortir un maxi sur internet en téléchargement gratuit, et on va faire un remix : “à ce qu’il parait 2008 “de ce morceau on on sera toutes les deux.
Quels sont vos projets ? (réponse des intéressées en video ci dessous : press play)
Dany : bonjour Xavier (aka Sindé), avant de commencer peux tu simplement nous expliquer la signification de ton blaze ?
SINDE : mon but était de trouver un nom qu’on retienne et comme j’aime beaucoup la bande dessinée : « SINDE » c’est « Dessin » en verlan tout simplement.
D : J’imagine que tu as commencé comme beaucoup par les dessins sur tes cahiers, ensuite les pochoirs, le tag et le graff sauvage (sur murs ou trains), raconte-nous tes débuts :
S : j’ai toujours kiffé le dessin, donc j’ai toujours fais des dessins dans des books, j’adore la bande dessinée, et assez vite j’ai aimé le graffiti et donc voila. On est à peu près en 1996 quand j’ai commencé à m’intéresser au graffiti.
D : Tu as commencé le graff en 96, comment se sont passés tes débuts dans le graffiti, et par quoi es tu passé :
S : j’ai toujours voulu faire du graffiti, la progression est simple : il faut faire plein de tags, enfin il faut faire du vandale et du terrain.
D : avant ce travail « de rue », tu as beaucoup travaillé et préparé sur des carnets :
S : effectivement, j’ai toujours sur moi un carnet qui me permet de saisir une idée, une pensée, un dessin, un personnage ou un lettrage … Et puis on travaillait sur les cahiers, aussi en commun, à plusieurs comme tu peux le faire sur un mur. Le but était encore une fois d’avoir des travaux aboutis dont on soit content. On peut retrouver ce travail sur certains de mes croquis que j’espère tu pourras montrer.
Un autre exemple d’une page d’un cahier/book de Sinde :
The Last one (il y en a tellement il m’a fallu forcément opérer une sélection) :
Avant de continuer plus loin notre entretien, voici une présentation de certains des travaux de Sinde : (press play)
D : Tu as ensuite évolué au fur et à mesure, comment t’es venu et c’est là ta force et ton originalité l’envie de peindre sur des supports non usuels :comme les planches de skate board et ensuite les meubles (portes, tables, meubles TV, lits ?…) : Comment t’es venue cette idée ?
S : c’était pour voir le dessin qui était sur mur (normalement), le voir sur tous les supports possibles : voir ce même dessin partout en tous les cas presque partout.
D : Après plus précisément, pourquoi sur un skate ?
S : Les skate board c’est parce que je trainais en fait tout le temps dans un skate shop et j’avais un pote qui travaillait là bas, et à force de voir les visuels des planches, j’ai eu envie d’en faire. Je les fais comme des tableaux, c’est pour accrocher au mur.
D : quand as tu commencé à faire des tableaux sur des skates ?
S : c’était il y a trois ans à peu près, et j’ai pu réaliser environ 16 planches à ce jour.
D : Au niveau de tes influences, on voit bien qu’il y a une certaine influence par rapport à la BD, c’est ce qu’on peut voir en fait sur une photo que nous montrerons,
La photo ci dessous permet de voir deux de tes univers :
- les personnages : ici les jumeaux, énergiques, assez « naïfs », avec des traits pas forcements fins, avec de gros yeux et de grosses mains : façon manga et comics, on retrouve aussi les images de l’argent, du vol, des policiers, et des gangsters.
- le traité des couleurs et des formes„ethniques“ , comme nous avons aussi pu le découvrir chez un artiste dont tu es proche : Freddish. As tu quelque chose à rajouter par rapport à cela
S : Oui, carrément, ceux que tu appelles les jumeaux sont en fait les premières planches que j’ai faites, donc en fait ces deux la sont deux BBoys en « spontanés » : c’est ce que je savais le mieux faire : donc ce sont les deux premières, en « super spontanés ».
D : Moi je les avais appelé les jumeaux, parce que je trouvais ça marrant.
S : je n’ai pas fait exprès, mais cela peut faire penser à des jumeaux.
D : Peux tu nous parler aussi de cette période ou tu faisais du dessin, qu’est ce que tu dessinais principalement ?
S : surtout des persos : des lettrages aussi, mais surtout des petits personnages.
D : Après les persos, tu as aussi un traité de couleurs, je n’arrivais pas à mettre un nom dessus, et comme nous avons tous les deux des connaissances, une vision des travaux de Freddish, et de ses traités, formes « éthniques »
S : en fait à la base c’est des graffs des formes Hip Hop, que je mélange avec des choses que j’aime bien comme l’Egypte, tout ce que je vois : de la bande dessinée, plein d’art et de cultures.
D : Tu insistes beaucoup sur les couleurs, dans certains de ces tableaux tu utilises des dégradés et des couleurs variées et intéressantes, …combien de temps peut te prendre la réalisation d’une planche ?
S : pas trop longtemps, c’est assez difficile à quantifier, on va dire entre 4 jours et une semaine : j’essaye de faire un rendu final sur chacun de mes tableaux, et c’est vrai que j’y passe plusieurs fois.
D : Derrière tout ce qui est planche de skate, il y a aussi une autre chose que tu as essayé de faire qui est vraiment intéressante, et qui fait aussi ta particularité : c’est le fait d’habiller des meubles. Sur quels types de meubles travaille tu, et peux tu nous décrire cela plus en détail ?
C’est des meubles que j’ai récupéré dans les greniers, et c’est des meubles que je ponce,après je peins dessus comme un graff, je fais un fond, après des personnages, et j’aimerai ensuite les vendre au au moins pouvoir les montrer.
D : Tu veux habiller le meuble, le rendre différent, lui donner une seconde vie,pourquoi ce support ?
S : Parce que c’est un beau support : cela peut rentrer chez les gens, ça peut aussi être exposé.
Un autre exemple d’habillage : une porte
D : Justement Xavier, as tu déja exposé ?
S : un petit peu avec des amis lors d’exposition « d’art urbain », mais aussi à porte de Versailles.
D : est ce que les gens peuvent acheter tes travaux, et donc te contacter ?
S : ils peuvent voir mon travail sur mon myspace : www.myspace.com/xsinde et peuvent en effet m’y contacter.
D : Quelle est l’oeuvre dont tu es le plus fier jusqu’à présent : l’oeuvre que tu regardes et tu te dis là mon travail est vraiment bien abouti et j’aime vraiment ce que j’ai fait ?
S : oui je vais te dire la série des skates.
D : cette série est extensible, ou tu vas t’arreter et passer sur un autre support ?
S : j’aimerai bien continuer les skates et faire tous les supports possibles.
D : Question subsidiaires : comment trouves tu tes skates, tu es obligé de les acheter, … tu les récupères ?
S : les skates je les ai récupéré dans un skate shop, et c’est quand les jeunes venaient racheter un skate board, ils laissaient de temps en temps leur ancien skate. Et les vendeurs me les filaient.
D : Xav, donner le prix de tes planches n’est pas facile, mais on peut dire aux gens que cela est accessible ?
S : oui tout à fait…
D : quels sont tes projets ou ton actualité ?
S : en ce moment, j’ai des amis,ou plutôt un ami bucheron qui m’a filé des bouts de bois qu’il a découpé. Donc je vais pouvoir travailler sur de gros morceaux de bois, des bouts de troncs : ce sont des bouts de bois qui tiennent tout seul et qui peuvent être des objets de décoration.
D :Ton univers est connexe à celui du hip hop, peux tu nous expliquer ce que tu pense aujourd’hui de cette culture ? Peux tu nous parler de ta vision de la culture hip hop en France aujourd’hui ?
S : Je ne connais que le graff : le graff en tout cas c’est un truc qui va durer, qui est méconnu qui va toujours continuer.
D : toi ton envie, on le rappelle est simplement de faire rentrer le graffiti dans les maisons, les appartements, dans des expositions, et c’est pour cela que tu es arrivé à ça.
J’ai RDV dans le 77 pour une rencontre privilégiée avec Flynt. La ville de Mitry Mory organisait le 24/05/2008 un festival Hip Hop : le Urban Fantastik. Le temps n’était pas de la partie, la pluie omniprésente a rendue impossible la tenue du show case de Flynt et la poursuite du Festival en général. Mais, Streetblogger était là et nous en avons profité pour aller interviewer Flynt avant son prochain concert du 30 mai au Trabdendo. C’est dans la voiture, pluie battante que nous nous parlons.
Flynt, peux tu te présenter ?
Je m’appelle Flynt, je rappe depuis 10 ans. J’ai toujours aimé écrire. Quand j’ai découvert le rap fin début des années 90, j’ai pris une grosse baffe, et puis j’avais des potes qui écrivaient en scred, et moi j’avais une platine vinyle et j’achetais des maxis, et j’avais pleins d’instrus, donc ils venaient rapper à la maison, et comme j’aimais écrire et que j’aimais bien les moments qu’on passaient ensemble à écouter du son, je me suis mis à écrire et à faire du rap. Ca c’était en 1995-96 : donc ça fait même plus de 10 piges. Mais en fait les 3 premières années,j’écrivais juste comme ça. C’était tout pourri ce que j’écrivais à cette époque. Je n’ai enregistré mon premier couplet en studio que 2 ou 3 ans après avoir commencé à écrire.
Flynt on va parler maintenant d’Explicit 18 qui a été un très beau projet sur lequel tu as invité nombres de MCs du 18ème :
Certains sont là dans la voiture d’ailleurs : Explicit 18 c’était un projet qui me tenait à cœur : forcément pour un habitant du 18ième comme moi. Le18ième, c’est un vivier de MC’s, c’est un des berceau du rap en France : il y en a quelques autres, le 18ième en fait partie, au même titre que Saint-Denis, Marseille ou encore Boulogne et le 94… On l’a fait avec les moyens du bord, sans expérience de production, mais on l’a fait avec le coeur et du mieux possible. Au final, c’est un projet qui a connu un très bon accueil du public. C’était important de le faire parce que dans le 18ième, il y a une vraie démarche, une vraie mentalité : certains appellent ça l’Ecole du 18ième .
C’est des mecs comme Fabe ou la Scred qui t’ont donné envie d’écrire ?
Non pas du tout : je te l’ai dit tout à l’heure, j’écrivais déjà avant de faire du rap. Après ce qui m’a donnée envie de faire du rap, c’est ma découverte du rap au début des années 90, j’ai su tout de suite que ça allait être ça la musique que j’allais aimer et que c’était ça qui me plaisait : le rap est devenu un loisir et une passion. J’écoutais tout ce qui sortait, j’aillais acheter des disques, je lisais des magazines, je regardais RapLine, j’étais devenu accro au rap. Ce qui m’a donné envie d’écrire du rap, c’est que j’avais des potes qui venaient à la maison et qui rappaient et moi je les voyais écrire des textes. Ayant toujours aimé écrire je m’y suis mis aussi.
Flynt, tu as sorti un premier maxi en auto-promo qui a eu un bon succès d’estime et derrière tu as enchaîné sur ton premier album qui s’appelle « J’éclaire ma ville » :
Il y a eu quand même trois maxi avant l’album. Ayant découvert la musique en général et le rap en particulier avec les vinyles, j’avais envie de reprendre ce cheminement de sortir un vinyle. J’ai sorti « Fidèle à son contexte » en maxi parce que c’est ce titre là que je voulais que les gens écoutent, juste ce morceau là. En plus, c’est beau un maxi en terme d’objet. Et après il y a eu les maxis « Comme sur un plaground » et « 1 pour la plume ».
Ensuite tu as sorti ton album en mai 2007 ?
Exact, l’album a été distribué par Just Like, et produit/ co-produit avec Label Rouge.
Tu as mis combien de temps pour écrire cet album? Je sais que tu es très perfectionniste déjà en terme de lyrics, mais aussi et surtout en terme de prods, combien de temps as tu mis pour « finaliser tout le produit » ?
En tout mon album m’a pris un peu plus de 2 ans et demi : à partir du moment où l’album s’est imposé à moi : j’avais un maxi, deux maxis… et le moment était venu de faire un album. Ca a mis du temps parce que j’ai fait avec les moyens du bord au départ et en plus je suis un mec qui gamberge beaucoup, et puis j’ai pas envie de raconter de la merde, j’aime bien la technique, j’aime les rimes, les punchlines, j’aime donner du sens, j’aime les grosses phases et tout cela prend du temps.
Et tu es perfectionniste, notamment au niveau des prods …
Attends j’ai été bercé au rap américain, tu vois ce que je veux dire… donc quand un mec vient aujourd’hui avec un instru, il ne peut pas me la faire: quand tu as mangé du son cainri pendant presque 20 ans et qu’un mec vient avec une prod « pas terrible »… moi j’ai pas envie de faire un morceau pour faire un morceau avec une prod balourde. Donc à plus forte raison pour mon album, j’ai cherché les meilleurs instrus que je pouvais trouver, ceux qui me parlent tout simplement, ceux qui collaient avec ce que j’avais dans la tête ou ce que j’avais déjà écrit, ceux qui m’inspiraient quelque chose… Effectivement ça a pris du temps aussi. Cela m’a pris du temps de trouver les instrus, cela m’a pris du temps d’écrire, mais en même temps je ne fais pas que ça : je travaille à coté aussi. Ce que je peux dire c’est que cela est important pour mon équilibre d’avoir le rap et un travail.
Si demain le rap te faisait « vivre » : tu ne ferai que du rap ?
Je ne sais pas.. mais pour mon équilibre, je préfère ne pas faire que du rap : j’ai essayé pendant un moment de ne faire que ça, et j’ai vite pété un plomb, je suis vite parti chercher un taf, parce que j’en ai besoin tout simplement pour mon équilibre. Et puis le style de rap que je fais, c’est pas ce qui rapporte le plus en France ( rires ).
Tu ne vas pas faire de hits qui passent en radio que pour la thune, tu ne fais pas de rap « fast food »?
Exactement, ce n’est pas la politique de la maison. Ce que je cherche, c’est toucher les gens, que ça leur parle. Je cherche à vivre des moments que je n’aurais pas pu vivre sans la musique et surtout à faire passer un message, à faire du rap vrai. « 1 pour la plume » c’est pas pour rien… les lyrics sont pour moi la base de cette musique, c’est fondamental. Et comme je dis dans le morceau c’est ex aequo avec le gros son. Ecrire c’est dur, ça prend du temps, il y en a qui vont vite, moi je ne vais pas vite : je soigne mon écriture et j’essaye d’apporter des choses positives. Les gens qui me connaissent savent comment je fonctionne. Je ne suis pas dans la course à la production, à celui qui va faire le plus de trucs, ça je m’en fous… je veux que mes écrits restent dans le temps.
On va maintenant parler des deux concerts, : celui à la Maroquinerie qui a eu lieu en janvier et il y’en a un qui suit au Trabendo le 30 mai, est ce que tu peux nous en parler ?
Le concert à la Maroquinerie c’était mon premier concert : enfin premier vrai concert « Flynt à Paris », où c’était moi que les gens venaient voir. On a fait complet quelques jours avant, donc ça a été une bonne surprise, et puis c’était un concert mortel : tu étais là d’ailleurs, tu as écrit un article sur ce concert, il y a d’ailleurs quelques petites fautes d’orthographe (rires) : sérieux par exemple, au début il y a écrit Shido, et à la fin il s’appelle ShiNo, moi l’orthographe j’adore ça, je suis peut être l’un des rares Mc qui aime l’orthographe (rires)…
Le concert du Trabendo le 30 : suite à la Maroquinerie où on avait fait complet et où cela s’était bien passé, les gens chantaient les paroles pendant le concert, faisaient les backs, c’était vraiment bien, donc on a voulu enchaîner en fait, refaire une date à Paris, dans une salle un peu plus grande : on ne sait pas si ça va marcher, si ça va être rempli ou non, mais en tout cas on se prépare. C’est surtout, que cela va faire un an que l’album (NDR : « J’éclaire ma ville ») est sorti. On veut donc fêter les 1 an de l’album sur scène avec tout le monde. C’est aussi pour boucler la boucle de l’aventure de l’album qui a été une belle aventure : on l’a sorti, on a fait des clips, on s’est bien marré, on a rencontré des gens, on est parti en province, on a fait des concerts, on a eu de bons retours ; il y a des gens que ça a vraiment touché, et donc c’est une belle histoire cet album jusqu’à présent, et j’espère et je vais tout faire pour qu’au Trabendo ça soit un genre de point d’honneur de cette année passé.
Est-ce que tu as d’autres projets après le concert, envie de faire un nouvel album ?
Faire un 2ème album, oui bien sûr et continuer à faire des scènes ! C’est pour ça qu’on a fait l’album, c’était pour l’emmener sur scène. Après je n’ai pas vraiment de projets, à part faire des morceaux avec des potes : parce que je n’ai pas fait beaucoup de morceaux ni de featurings avant l’album ni après d’ailleurs. Je me suis surtout concentré sur mon album et sur les scènes. J’ai reçu beaucoup de propositions depuis l’album mais je ne peux pas tout faire. Récemment, j’ai fait un morceau avec Le Rat Luciano et Gino, enregistré à Marseille qui sera sur l’album de Gino. Au début quand j’ai commencé le rap, je rêvais de faire un morceau avec Le Rat : c’est le MC que je respecte le plus, maintenant que j’ai fait ça, je peux arrêter le rap (rires).
Tu vas en faire un avec Pejmaxx ? Mais tu es dur avec le choix des prods :
Attend les mecs (NDR : les Soulchildren) m’ont fait « Retour aux fondamentaux » : quand ils m’ont ramené l’instru, quand j’écrivais mon couplet dessus, j’étais comme un gamin avec son premier jouet : donc il faut qu’il me ramènent un « Retour aux fondamentaux 2″ Soulchildren ont aussi fait « Mes sources » et « La gueule de l’emploi » : c’est du haut niveau. J’attend un instru de haut vol de leur part ( rires).
Et faire un deuxième album ?
Forcément oui, vu comment le premier s’est passé. Je sais qu’il y a des gens qui m’en parlent, qui me disent « oui, il faut que tu enchaîne le deuxième » le public attend apparemment, mais maintenant j’ai dit que je ne sortirai pas de 2ième album si je n’ai pas les sons qui pètent encore plus que sur le premier. Je veux des sons encore meilleurs, donc pour l’instant j’ai pas d’instrus qui sont arrivés, et puis tout mon temps je le passe à préparer les concerts, à bosser sur le DVD (NDR : qui sortira ce mois ci (c’est le DVD du Live à la Maroquinerie )) : mais par rapport à cela je suis plus en retrait quand même. Donc oui bien sur faire un deuxième album : c’est la priorité, mais pour l’instant pas forcément d’actualité. Ca traîne dans ma tête en tous les cas… encore faut-il que j’écrive de bons textes…
Rencontre dans le 18ième avec Ekoué, un des membres de La Rumeur. Accompagné de mon pote Tino, c’est Abdel qui nous reçoit et nous présente à Ekoué. Une boisson commandée et je suis lancé. Rentrons dans le vif du sujet.
Sous les pavés la Rage : peux tu nous parler de ce projet ? C’était une initiative de Wagram, un gros indépendant, qui sort un certain nombre de projets assez récurrents de cet ordre là, duos de chocs, Hardcore machin… truc bidules(rires) : et là ils voulaient faire une compilation qui créer un lien, des accointences, avec les évenements de Mai 68, quarante ans plus tard. Il m’ont proposé de faire le track-listing, sachant qu’il y a une partie qui a été imposée, sachant qu’il y a un certains nombre d’artistes du catalogue Wagram, et de Menaces Records et de Nouvelle Donne aussi, le reste ce sont mes choix personnels, mes affinités artistiques.
Parle nous un peu plus du Track-listing. Il y a un certains nombre d’artistes avec lequels j’ai des affinités directes, comme Casey comme Anfalsh, comme Le Téléphone Arabe, Bala, ce genre d’artistes, finalement avec qui j’ai pu rapper ici et là. Des artistes que j’apprécie aussi, après des artistes qui ont apporté leur pierre à l’édifice Hip- Hop : en l’occurrence : Kery James, Lunatic, et d’autres : grosso modo c’est des artistes (du 1ier au dernier) auquel je trouve un certain talent : donc voila, il n’y a de mon point de vue pas d’erreur de casting : il y en a qui font de la musique différente de la notre : mais on est pas borné au point de considérer que tout ce qui est pas comme nous n’est pas bon. Et puis enfin il y a des artistes plus ou moins imposés par Wagram, c’est leur catalogue et d’autres artistes que moi j’ai imposé.
A qui s’adresse cette compile ? Elle s’adresse à tous les gens qui ont envie d’écouter du rap, sorti des playlist de Skyrock. On a pris un certain nombre d’artistes qu’ils soient diffusés ou non d’ailleurs, on a essayé de prendre les titres qui nous paraissent être les plus intéressants dans la discographie.
Quel est le fil conducteur ? Réunir tout ce que les artistes avaient pu écrire/dire de prémonitoire sur l’évolution de notre société : tout ce qu’ils avaient pu dire qui mérite d’attirer mon attention, et donc de le mettre sur le projet.
Ekoué, tu as fait de brillantes études : une maitrise de sciences politiques, un DEA, est ce un peu pour ca que Wagram t’a contacté ? Non je ne pense pas : c’est plus par ma capacité à fédérer des artistes : c’est plus cet aspect là qu’autre chose.
Point sur le choix des inédits : il n’y en a que 4, pourquoi si peu? Il y en a si peu pour la simple et bonne raison que c’est une compilation, qui a pour vocation de prendre des titres déja sortis : donc c’est pas une compilation d’inédits, qui nécessiterai une infrastructure et un budget beaucoup plus lourd : faire en sorte que les artistes enregistrent des morceaux pour le projet : c’est une compilation avec quelques inédits : pour mettre aussi en avant 80% des titres/artistes déja sortis, et le reste on voulait se faire plaisir. Pour des mecs comme AL, ou B-James, qui n’ont pas encore sorti de disques, c’était l’opportunité de faire découvrir leur travail.
Présentation du Projet Le Label Wagram Roots annonce la sortie de la compilation ” SOUS LES PAVES LA RAGE”, d’après une sélection de Ekoué de La Rumeur, disponible le 28 Avril 2008.Ce projet est un double cd de 36 titres comprenant ce que la scène du rap hexagonal à produit de plus prémonitoire sur l’évolution de la situation sociale en France.Avec : Kery James, 113, Rohff, Mafia k’1 Fry, Arsenik, Lunatic, Kamelancien, Scred Connexion, La Rumeur… et des Inédits de Ekoué de La Rumeur, Al, Spécio …
Ce projet apporte du contenu et montre l’implication des artistes dans la politique : le rap est aussi un média, véhiculant des messages importants que l’ensemble de la population peut et doit entendre.
Ce projet de compilation est parti d’une idée simple : réunir en une quarantaine de titres ce que le rap hexagonal a produit de plus “dangereusement” prémonitoire sur l’évolution de la situation sociale en France. Si le rap engagé vous intéresse, et si pour vous le rap doit apporter quelque chose de positif, alors RDV dans les Bacs le 5 Mai!
Ekoué, après ce projet, est ce que tu peux nous parler de tes projets actuels ? J’ai en effet une grosse actu en Juin : le 02 ou la semaine suivante : mon premier Street CD Solo, lequel mettra en perspective mon album solo à venir je pense d’ici 2008 (on y refléchit activement) : le projet s’appelle Nord, Sud, Est Ouest premier épisode : c’est un street Cd qu’on a concu comme une sorte d’album artisanal : je suis quasiment en solo sur tous les titres. J’invite Casey, Anflash, Kalif Rap, la Mixture, Al, Le Téléphone Arabe, le Bavard et c’est tout (les gens de la famille).
C’est Pat qui a fait les sons, c’est un des producteurs sonores, de notre dernier album de la Rumeur, qui les as produits, mixés, et enregistrés (le Mastering se fera à New York) c’est que des titres inédits. Il y a à peu près neuf solos, 2 clips qui vont arriver, dont celui de sous les pavés la rage : (d’ailleurs sur la compilation on a mis la version non masterisée…) : le clip sera disponible j’espère au plus vite sur notre myspace et sur le site de La Rumeur : www.la-rumeur.com : et donc voila, c’est du lourd, ce sont les prémices d’un album solo à venir et moi cela fait dix ans que je ne m’étais pas exprimé en solo depuis le poison d’avril (en 1997), con c’est renouer un peu avec cet exercice là : et on en est vraiment pas mécontent.
Ca te manquais de ne pas être en solo ? Non ca ne me manquait pas mais aujourd’hui Hamé est à New-York, dans le cadre d’un master 2 dans le cinéma, et donc il fallait qu’on continue l’activité : je ressentais aussi une certaine attente par rapport à nos projets solos donc je me suis dis j’allais balancer un street CD.
Ekoué, on va se concentrer sur ta personne : à coté du rap, tu as une Maitrise de Sciences Politiques, un DEA, et aujourd’hui qu’est ce que tu fais ? Je suis à Sciences Po Paris à L’institut Etudes Politiques de Paris dans le cadre d’un Master 2 en recherche de Politiques et sociétés en Europe : je termine mon mémoire de fin d’année et j’espère être diplomé au terme de cette année universitaire. Qu’est ce que tu veux faire derrière, toujours du rap, ou d’autres choses t’intéressent ? Avoir le diplôme, j’ai d’autres projets, mais ils ne sont pas encore assez définis pour en parler, mais le rap je vais continuer à sortir des disques : mais j’ai d’autres projets en tête.
As tu un message à adresser « à la jeunesse »? Il faut considérer que le rap est un moyen c’est pas une fin en soi : c’est juste un moyen de s’accomplir en tant qu’individu, et qui plus est de s’ouvrir sur le monde. et de se ré-approprier un certain nombre d’outils quelques part émminément plus important que les futilités qu’on nous vend à travers Skyrock et ce genre de connerie : comme les voyages au ski, même si c’est bien, mais c’est comme les Playstation et les Nintendo, ce que les rappeurs véhiculent. Ils parlent d’argent qu’ils n’ont pas : aujourd’hui l’argent est dans l’agroalimentaire, dans la politique, dans le luxe, mais pas dans la musique : la musique c’est une industrie qui est en train de disparaitre comme l’industrie du charbon. Il faut pouvoir se repositionner et les études sont je pense un bon vecteur de repositionnement.
Quelle est l’actualité du groupe La Rumeur ? Il y a le street Cd (le mien) qui sort, plus polémmiquement parlant, ce putain de procès qu’on traine depuis 6 ans : qui a été fait à l’initiative de Sarkozy : on a gagné en première instance, gagné en appel, perdu en cassation et donc là on est re-jugé le 6 juin 2008. On sera enfin fixé sur notre sort.
Mais vous avez de bonnes chances de gagner il me semble ? C’est le discours qu’on nous a tenu pendant très longtemps ; mais je peux comprendre, mais preuve en est aujourd’hui on est toujours dedans : cette affaire on en sort pas : on est toujours dedans, ils ne veulent pas lâcher l’affaire et nous non plus, donc il va falloir trouver une issue : toutes les procédures, tous les recours arrivent à terme : donc à priori là on sera fixé. Mais je pense qu’on va se faire allumer : jusqu’à preuve du contraire les médias sont à droite, le gouvernement est à droite, le Sénat est à droite, l’Assemblée Nationale est à droite. Rappelons le pourquoi de ce procès : c’est à propos des bavures policières qui se sont produites en France sur des jeunes de partout : ce sont des faits avérés mais malgré cela tu penses que cela va être difficile? A partir du moment ou tu as une justice qui défend l’institution policière, tu as beau amener les preuves, ils n’en ont rien à faire : moi je ne crois à ces principes d’équité et de justice pour tous : je pense que la justice est à deux vitesses : il y a une justice faite pour les gens extrèmement fortunés et influents et une justice pour les pauvres, les gens qui n’ont pas cette capacité à changer l’ordre des choses et eux en prennent plein la tête.
Ekoué, peux tu nous donner ta vision du Hip Hop et du rap francais ? Est ce que tu continu d’en écouter ? Il y a boire et à manger, mais il y a des artistes dignes d’intêret qui à mon sens sont tout à fait à la hauteur avec des démarches intéressantes et puis tu as de la merde, mais c’est comme tout. Il y a des mecs, je ne veux pas écouter ce qu’il font car cela ne m’interesse pas du tout. Il y a des artistes que j’aime bien : un groupe que j’aime bien et que j’écoute en ce moment c’est 400 Hyenes c’est un concept qui m’intéresse, ca rappe, Specio j’adore, j’adore ce groupe, c’est vraiment un group de mecs de ma génération, je kiffe trop leur flow, leur façon de poser, c’est bien « queensbridge », c’est des parlés, des flows, il n’y a pas trop de gimmick : c’est pas du phrasé qui sautille : c’est vraiment lourd, posé sur des sons lourds, Il y a AL aussi, qui défonce, il y a des MCs de l’ombre qui ont tatés le terrain et qui vont arriver et ca va faire très mal : nous on sera leurs premiers consommateurs.
D’autres artistes que tu aimes bien ? Toute l’école du 18ième : Flynt, la Scred Connexion, Rocé j’aime bien, Despo j’aime bien aussi, voila quoi
La vision du Hip-Hop/ Rap français par Ekoué en video ci-dessous :
Une question de Tino : Bonjour, Ekoué, question de Tino, un Elancourtois parmi tant d’autres : sur l’évolution de la ville nouvelle : on avait sur Elancourt l’époque socialiste, il y avait des choses qui étaient faite pour les jeunes, je pense au Bilbo que tu as certainement fréquenté et maintenant aujourd’hui on ferme les maisons de jeunes pour faire des beaux lions et des ronds points fleuris : c’est quoi ton ressenti par rapport à ca et comment on peut lutter surtout? C’est la politique du maire, et ce dernier n’habite même pas Elancourt, c’est assez paradoxal : et puis deuxièmement, ils veulent gérer Elancourt comme on gère Neuilly sur Seine : en omettant de dire que voila il y a une dimension ouvrière à Elancourt qui est de plus en plus présente : cela n’est pas le Elancourt des débuts des années 80 : il est complètement à coté de la plaque et donc cela justifie le fait que sous prétexte d’avoir une espèce de soit disant réaménagement de l’espace avec comme tu dis des ronds points et des balcons fleuris, et des parcs botaniques, en terme de dynamique, en terme de ville qui est porté vers sa jeunesse c’est complètement mort, donc quand je vais à Elancourt c’est une ville dortoir : je vais revoir mes potes, je passe d’appartement en appartement mais culturellement c’est mort. Tu as une influence face aux petits frères de maintenant, quel est ton discours par rapport à la maire, et tu leur dis quoi :: tu leur dis aller à Paris et ne niquer pas tout ? Je leur dit dieu merci on est pas condamné à rester à Elancourt. Il faut s’expatrier, voir ce qu’il se passe ailleurs, en province, dans d’autres pays : à un moment il faut bouger : il faut se donner les moyens de bouger : sinon il faut vivre un vie pépère en restant calé chez soi, et puis voila : moi c’est une ville ou j’ai toujours mes potes, j y ai toutes mes racines, je connais n’importe quelle cité d’Elancourt, je connais toutes les familles, et j y reviens tous les dimanches : j’ai des potes depuis une 30aines d’années : d’un point de vue initiative c’est extrêmement limité et aussi au niveau culturel.
Tes projets à venir ? (réponse de l’intéressé en Video ci-dessous)
Tino Ekoué et Moi : le Hip Hop toujours en marche et en progression!
Interview réalisé par Rastaiam pour www.streetblogger.fr Dédicaces à Abdel (encore un homme de l’ombre – merci bcoup), a Ekoué(enchanté!!) et à Tino (78 style)
En Exclu le clip de « Sous les pavés la rage » Maj au 05/05/08)
Dany : Freddish, bonsoir, comment vas tu depuis la dernière fois ?
F : bien, je te remercie, content de te retrouver!
D : Freddish, peux tu te présenter, sachant donc que nous nous étions rencontré la fois précédente plutôt pour découvrir ton univers alors plus concentré sur le graffitti et la peinture : maintenant, dans ce nouveau cadre : parles nous de tes sculptures, de ton appréciation de l’art dans l’espace ?
Freddish : en effet, je propose d’axer le tout plus sur la troisième dimension. En tant qu’artiste sculpteur, j’évolue dans l’art urbain (le street art). Je contribue à l’existence de la troisième dimension dans l’univers du street art. C’est à dire plus généralement exprimé en deux dimensions : comme tu peux le retrouver dans le graffiti avec tous les graffeurs, les pochoirs avec Mystik, l’affichage ou les bas reliefs avec Space Invaders ou U-Roots : ou encore dans des performances : où ils ne prennent pas l’espace en trois dimensions.
Moi cela me permets de m’éclater et d’avoir une grande porte ouverte à ce niveau là et aussi de pouvoir participer à cette culture au travers de la musique, des spectacles avec la danse, avec les MCs et les rappeurs lors de concerts et autres manifestations (battle…)
F : Je me dois de faire autre chose que de simplement “PIMP(er)” des voitures dans la troisième dimension de notre culture : en présentant un peu l’effigie de notre temps, la fiction qui dépasse la réalité, avec des bases de déchets industriels : tu rends les déchets à la matière, la machine aux droides, et tu leur créé un monde en leur redonnant une vie.
D : Freddish tu es allé un peu vite : en fait tu nous parle des tes sculptures et ensuite de tes robots, peux tu nous préciser pourquoi tu parles de robots en fait ?
F : Voila dans cet univers moi ma démarche est de travailler avec des matériaux de récupération etdes déchets industriels. Au début j’ai beaucoup travaillé sur des déchets de voitures, en fait j’ai recréé des robots pour donner une identité de vie et de caractèreà mes pièces : la figuration que je leur ai donné sont des droides. Redonner une vie à la machine cassée et leur donner une effigie, une nouvelle mémoire : comprenant le recyclage.
D : Pour continuer il serait intéressant que nous fassions une chronologie de ton parcours , de tes créations et cela peut être par période. Tu as commencé ça il y a un certains temps, j’aimerai que tu nous raconte ca. Ce qui nous permettra aussi d’illustrer les propos au fur et à mesure avec desphotos de tes œuvres que nous choisirons ensemble (les photos sont visibles en grand format en cliquant sur les images).
F : La sculpture a commencé en 1989 : avant on ne faisait que des graffittis et des pochoirs. C’est le début de la sculpture : les premières expositions datent de 1994 . Les premiers temps de 1989 à 1996 je faisais des sculptures figuratives d’animaux, dans l’ensemble de grande taille, mais aussi de plus modeste, c’était en ferraille et en acier et le concept était de redonner vie à la matière.
Et les œuvres étaient peintes pour l’effet homogène des pièces : si par exemple je faisais un oiseau je le peignais entièrement en rouge ce qui permettait que l’on n’ait pas une pièce verte ou une pièce bleu et qu’on oublie les parties de métal : c’était le début du travail. Je faisais des expositions dans des parcs de châteaux à la campagne et en région parisienne.
1996 voit la naissance des premiers robots dits « droides ». Le premier s’appelait « Manoid ».
Voici d’ailleurs Manoid (pris dans l’atelier, il était un peu timide):
Les robots étaient de grande taille : j’ai travaillé sur des modèles allant de 1m20 à 2 mètres environ. Parallèlement à cela, en 1997 jusqu’en 2001 : je me suis mis à créer de petites scènes : ou de taille moyenne. C’était des scènes quotidiennes de notre culture urbaine telles que le métro parisien, ou une scène de théâtre, j’avais fait un skate parc, mais aussi une bavure policière : c’était l’époque de l’affaire Malekou Sekim, des danseurs hip hop, un marché aux puces, un clochard dans une rue, des scènes de musiciens,etc… grâce aux scènes j’ai eu l’occasion d’exposer et de faire partie de décors lors de festivals de cultures urbaines (les concerts, les battle …) c’était la naissance de la culture Hip Hop de l’époque.
Ensuite, de 2002 à 2004 la peinture n’a pas laissé place à la sculpture, mais de 2004 à 2006 j’étais enfermé dans un atelier de 500m2 éloigné de tout et cela a été la super production :
J’ai produit 18 sculptures de la série droides, allant de 1m20 à 3m80, allant de 50 kilos à 375 kilos, des pièces en aciers peintes de couleur métallisée, adaptée à chacune. Cette série m’a permis une exposition assez spectaculaire sur l’art urbain pour le salon d’automne, c’était les premiers pas de la culture urbaine dans les musées en France en tout cas.
Ensuite on a remonté un collectif qui s’appelait Galerie La Rue, ayant vu le jour en 1992, mais à l’époque on collait des affiches, réalisées à partir de nos dessins visants à dénoncerdes dangers, des inégalités, des problèmes écologiques, par le biais du langage artistique :c’était notre démarche de l’époque. Et là on est reparti en croisade cette fois armée de sculptures : on prend des ronds points de force avec des véhicules fantasmagoriques, des panneaux signalétiques sur les bords de routes ou encore lors de festival de hip hop ou de danses et de musiques.
Le dernier forfait 2007 a été de déposer une sculpture “véhicule” de science fiction devant le salon des expositions à la porte de Versailles dans le cadre du mondial de la moto en 2007.
D : Freddish, concernant l’année 2008 : peux tu nous parler des choses en cours et de tes projets à venir ?
F : En 2008, je me suis plus concentré à ma carrière personnelle, et j’ai aussi fait la rencontre des ateliers VF qui sont des récupérateurs demétaux industriels qui travaillent dans toute l’Europe et qui parrainent ma matière première. Je me suis donc lancé dans la production de nouvelles sculptures grâce à ces nouveaux matériauxtels que l’Inox, d’autres viendront comme le titane … à voir pour le futur. J’ai fais une exposition avec la Mairie de Montpellier, ce qui m’a permis de faire la première collaboration avec leurs ateliers, et qui met à ma disposition un atelier ainsi qu’un hangar pour produire et stocker.
Là j’ai réalisé des robots, comme je le faisais déjà, mais dans une autre matière, qui ne nécessite pas de patine, car c’est de l’inox donc inaltérable et cela ne rouille pas : je n’ai même pas eu besoin de les peindre : ce matériel là est très intéressant pour moi. J’ai de plus pu créer un de mes vieux fantasmes : celui de réaliser le vaisseau (FX36) adapté à mes robots . Celui ci tout en inox, formant un énorme véhicule en chrome : il mesure 6,5 mètres de long sur 2,5 mètres de large 2,5 mètres de haut pour un poids de 1,4 tonnes.
Concernant le projet c’est de monter un pôle dans le sud de la France en collaboration avec un ami artiste, professeur aux beaux arts d’Aix en Provence et les fameux ateliers VFet on récupérerait une usine désaffectée ou un terrain de 2000 m2 afin de pouvoir créer le monde qui entoure tous mes robots.
D : Peux tu nous en dire un peu plus : sur l’idée de regrouper tes créations, et de leur donner un univers, un environnement ? Tout cela dans quel but finalement ?
F : Dans le but, et la quête : j’ai mon but et ma quête. Et sinon j’ai pas non plus envie de trop parler de la construction autour des robots : il y a déja énormément de choses et de matières dans mon travail actuel à aller fouiner et cette partie là sera justement ce avec quoi je pourrai vous étonner dans le futur : donc je ne veux pas trop en dire : regardez déja ces pièces là et imaginez ce qui peut aller avec, dans le fantasme …(rires).
Dans son studio situé dans le 93, le Lundi de Pacques j’ai RDV avec l’Homme que l’on nomme Dj Cut Killer. Armé d’un stylo, de mon matériel et de mon carnet de route j’entre dans l’antre de l’artiste.
Cut m’accueilledans son studio, entre ses platines, ses multiples vinyles et CDs, nous nous installons et commencons l’interview. Bien calé, le Dj, car pour tous les plus jeunes qui nous lisent, Cut est Dj, le Dj le plus prolifique en terme de travaux : mix-tapes, compilations (Les incontournables Hip Hop Soul Party, les Cut Killer Show … les Street francais), les soirées, et party de part le monde …
Bref, voila pour un résumé (trop rapide), alors arrêtons nous plus sur la carrière de Cut - le plus grand dealer de cassettes mixées : (ci dessous le morceau de la Haine press Play et écoutez ce morceau anthologique)
Première question : tes débuts ?
“C’est simple, tu commences petit, gamin qui veux faire comme Dee Nasty (il y avait d’autres Djs comme Yellow…); mais c’était le Dj officiel, il était la référence, avec ses ambiances (…) forcément, tu vas au Globo, j’habitais juste à coté, je n’étais pas encore majeur, mais on arrivait à rentrer et donc du coup voir un mec qui arrivait à gérer son public, sa dextérité aux platines, faire en sorte de passer les sons qu’il faut, cela m’a tout de suite accaparé. Au début on dansait, il y avait une mouvance sur la zulu nation, autour du beat box, du rap, tu essayes de comprendre comment cela marche. Le principe de la rue existe depuis la nuit des temps : t’arrives et tu galères : t’es avec tes potes et tu attends que ça se passe, et dès que tu trouves un truc, quelque chose te permettant de te focaliser : sport, danse ou quelque chose d’artistique, c’était le tag, le graff à un moment donné, et le Djiing est devenue une passion : dès que j’arrivais en soirée, j’étais derrière Dee Nasty et je ne faisais que ca et du coup le monde du Djiing je l’ai connu comme cela en 87-88. Mais on est rentré bien évidement en 84 grâce à beaucoup de choses : les Enfants du rock (qui passait des reportages sur Afrika Bambatta Sugar Hill Gang...), il y avait quelque chose qui nous faisaient vibrer, on était issu de la Funk, de la Soul, dans les années 80, on ne pouvait pas échapper au pop rock, au new-wave, le hip-hop a fait que je me suis vraiment imprégné de cela, du coup, l’envie m’a pris à l’époque de IZB : quand on voulait je collectionnais des disques : j’ai économisé, et je travaillais après les cours; grace à ma mère j’ai acheté ma première platine, et le 31 décembre 1988, j’ai acheté ma 2ième et faire finalement notre première soirée du jour de l’an chez des potes. Ca a commencé comme ça. Mais tout de suite, je sais pas si j’ai acquis une dextérité, ou quelque chose d’assez intéressant, mais à force de voir Deenasty, pour moi c’était comme si j’avais un cours en direct, il n’y avait pas d’école de DJ HH, mais généraliste : j’allais tous les vendredi soir voir Deenasty et tous les matins à 5 heures du matin, je me mettais sur mes platines et je reproduisais.