En attendant le live report du concert d’IAM au Zénith (et de B-Real des Cypress Hill) qui a marqué un grand coup dans le festival Paris Hip-Hop, vous trouverez plus bas une petite mise en bouche avec un montage photos sur un mix de Dj Kosi.
Je peux d’ores et déjà vous dire que les Marseillais, après vingt ans d’activité n’ont rien perdu de leur art. Je ne peux et veux pas vous en dire plus pour l’instant car n’oublions pas que « demain c’est loin »…
A noter tout de même une première partie d’un B-Real en bonne forme, mais qui comme quasiment chaque américain a joué moins d’une heure… C’est comme cela avec « les stars ».
Quoi qu’il en soit les deux prestations ont véritablement « mis le feu » au Zénith qui était plein à craquer. A suivre bientôt ici même. Le montage photos du concert >>ici< <
Direction le Nord de Paris pour un des concerts de l’année qu’il ne fallait pas manquer. Ceci en tous les cas pour tout amateur de bon, voir très bon rap Français. En effet étaient réunis sur scène cinq groupes/formations, acteurs importants voir majeurs des années 90′s que beaucoup aiment à considerer comme “l’âge d’or du rap français.” Etaient présents les X-Men, les 2 Bal, Expression Direkt,Les Sages Poètes de la Rue, et les Marseillais de 3eme Oeil. Ceci à l’initiative de deux “fans/amatrices” de cette belle époque : “Du Son Du Son” aka Yael et Daphnée : mais en voila trop pour l’introduction, entrons dans le vif du sujet(…)!
ElDiablo et moi nous sommes déjà rencontré l’année dernière pour parler des Lascars et de la Bande dessinée de la série. Pour rappel “Lascars” est une série d’animation (au format court – 1 min) créée par El Diablo et Alexis Dolivet avec Diam’s, Omar& Fred, Vincent Cassel, Vincent Desagnat, IZM. Cette série a été pour la première fois diffusée le 21/07/1998. Les LASCARS mettent en scène les tribulations quotidiennes de la jeunesse d’aujourd’hui. Une culture qui s’épanouit depuis plus de 20 ans et devient, peu à peu, un modèle dominant à travers les modes … Mais revenons sur le film qui doit sortir à la mi – Juin(…)!
Des sons à découvrir :
Bob Sinclair et un titre électro-Hip-Hop avec ‘excusez du peu les Sugar Hill Gang et le titre « Lala Song » :
Qui a dit que la house, l’électro et le Hip Hop ne pouvaient pas se croiser et se meler !
Un titre bien dansant issu de l’album « Born in 69″ – Enjoy!
Vendredi 28 mai à la Mairie de Paris s’est déroulée une conférence de presse avec IAM, les représentants de l’Etat et Bruno Laforestrie (PDG de Générations 88.2 et de Hip-Hop Citoyens) pour le lancement du (quatrième) festival Paris Hip-Hop.
Les sujets abordés ont concernés le lancement et déroulé du festival, les sponsors et leur absence plus que relative, le choix de l’affiche, les radios… Mais ce fut aussi l’occasion pour le groupe marseillais qui fête cette années ses vingts ans d’échanger sur le Hip-Hop. (retrouvez ci dessous des extraits vidéos et audios des interventions des convives.)
Commençons par une introduction d’IAM surla stigmatisation des banlieues et du rap en général: audio : press Play :
Mais aussi en Vidéo : la culture HH en France : http://www.dailymotion.com/video/x9g8zjet ce constat d’AKH: « Le partenariat en dit long sur la culture d’un pays »
La suite concerne la communication autour de la banlieue et du rap en général http://www.dailymotion.com/video/x9g961 « on ne communique pas sur la banlieue : c’est la phrase de surface : on ne communique pas sur la banlieue cela veut dire pas de noirs et d’arabes dans nos voitures… »
IAM est présent ici pour un événement culturel :http://www.dailymotion.com/video/x9g98w « on est là pour un évènement culturel : le Hip-Hop est une culture où il n’y a pas de limites … »
Outre les sponsors, les médias et radio(s) ont été abordé par Iam et le patron de Générations 88.2 : avec un point sur LA (seule?comment est-ce encore possible) radio Hip-Hop, l’auditoire, le CSA, le pouvoir, les réflexions et actions : extrait audio : press Play :
Le budget de la manifestation a été annoncé : un budget prévu de 350.000 euros.
Le public et les journalistes ont réagi ou interrogé le groupe phocéen sur :
l’affiche : le poing levé, la couleur, et avant cela l’affiche avec le passage du Bling Bling de l’édition précédente :
press play :
le prix des disques (le cd à 10 euros…)
les sponsors et la différence de traitement, de jugement, d’intérêt entre le Hip-Hop/ Rap Américain et le Rap Français…
le soutien du groupe à des causes humanitaires ou politiques
Il est 13h00 quand arrive la fin de la conférence. Le groupe doit partir, avant de les laisser s’éclipser nous profitons de brefs échanges avec les membres qui étaient très disponibles.
Le festival Paris Hip-Hop peut être fier d’avoir pour Parrain le Groupe IAM! Paris HH 2009 débutera le mardi 23 juin. Les membres seront en concert/anniversaire (20 ans déjà!) au Zénith en compagnie de B-Real (Leader des Cypress Hill) Samedi 27 juin.
Retrouvez ci-dessous le programme de la quinzaine de la « culture Hip-Hop » et ses nombreux évènements : sur deux semaines : Programme de la première semaine :
Programme de la deuxième semaine :
Pour finir : une touche d’humour avec AKH : « Le rap américain est glamour, le rap français ce sont des galériens qui ont réussis… » press play :
Marseille, mi-mai, le soleil brille, je sorts du vieux port, remonte la Canebière et me voila chez Pone de La Fonky Family pour prendre de ses nouvelles, parler d’une belle époque et échanger tout simplement.
Dany : On te considère comme l’architecte sonore de la Fonky Family (FF) sur une période s’étalant de 1996 à 2006 : peux tu nous expliquer un peu tes débuts, avant la FF ?
Pone : Au début j’ai commencé à faire des sons, cela devait être en 1992 1993. J’étais passionné de rap et tout ça et puis, un petit peu par hasard je suis tombé sur une machine qui était une W30 Roland : c’était un clavier sampleur, séquenceur et synthé et j’ai commencé à faire des sons dessus.
D : En 93 tu avais quel âge ?
P : J’avais vingt piges. J’étais passionné de rap depuis très longtemps et j’ai donc commencé à faire ça, à faire des sons là dessus. En fait c’est un pote qui l’avait, il ne savait pas s’en servir, et il le laissait un peu trainer, donc je lui ai dis vas-y passe moi le donc je me suis pris un peu la tête dessus et j’ai commencé comme cela.
D : nous avons donc abordé tes tout débuts, et ensuite que s’est il passé entre 1993 et aujourd’hui ?
P : Je commençais déjà à faire des sons pour les mecs de la FF qui n’étaient pas encore les mecs de la FF. Il y avait deux crews on va dire : un crew avec Le Rat et Menzo et un crew avec Choa et Sat. Mais c’était quand même deux crews qui étaient tout le temps ensemble. En fait cela n’a pas duré très longtemps la séparation des deux formations : nous on a eu notre premier concert en décembre 1994 : donc la formation/ réunion sous le nom Fonky Family a été assez rapide. D’ailleurs, tu me disais que tu étais allé voir Stress, cela a été la première partie de Sens Unik : notre premier concert à Marseille. Et donc voila, à partir de là, un petit peu l’élément commun aux deux équipes étaient Djel et moi, qui étions Dj et beatmaker pour les deux, ensuite les choses se sont enchainées assez rapidement : les concerts, les micros ouverts…
D : qu’est ce qui a fait qu’il y a eu une émergence de la FF ? C’est la connexion avec AKH et Coté Obscur ?
Interview réalisé pour HipHop4ever chez Pone à Marseille, non loin du vieux port! Il est bon d’être dans le Sud, bande de veinards ! Merci à Pone et à son collègue pour leur accueil !
Stress est un rappeur suisse rapant en français, et considéré par beaucoup comme un rappeur français tout simplement. Stress est « un ancien » de la sphère rap : il a en effet débuté au début des années 90 avec son groupe de hip-hop romand Double Pact en compagnie de Nega, et son très proche concepteur sonore le célèbre Yvan (qui pour information a fait des prods pour de nombreux rappeurs français). Stress arrive enfin en France avec son album « De l’autre coté du mirroir ».
Je vous propose un dossier complet sur ce rappeur au travers d’une présentation faite de clips et divers morceaux de l’artiste qui sera suivie par un interview et un live report du concert de Stress et Tunisiano qui s’est déroulé le 07/05 à Paris.
Après quatre albums, Stress et Nega se lancent dans des carrières solos. Stress est actuellement le rappeur Suisse qui rencontre le plus de succès des deux côtés de la Sarine. Il collabore avec de nombreux artistes qu’ils soient alémaniques ou romands. J’ai eu le bonheur de tomber sur cet artiste il y a presque 10 ans avec le morceau « les nerfs à vifs » sur un featuring avec Prodige Namor. Il y a révélé sa capacité technique et lyricale.
Après des années sa plume est toujours soignée, percutante, et (trop souvent) pertinente. Stress aborde plusieurs univers : presque schizophrène avec son double/miroir Billy Bear, il peut être très intimiste, livrant ses douleurs, souvenirs, sentiments personnelles : sa relation avec son ex-femme, son engagement politique et anti-nationaliste : anti-UDC, l’équivalent de notre FN avec des morceaux comme « F..K Blucher » ou « Mais où » dont voici le clip : http://www.dailymotion.com/video/x1d69v
Ci dessous un interview video (qui n’est pas réalisé par HH4ever) :
Mais Stress s’intéresse aussi beaucoup (comme le fait aussi Rockin Squat) : à l’écologie ou plutôt à l’anvenir de notre « Planête terre »: http://www.dailymotion.com/video/x3eemf. Ce thème revient lui aussi dans le nouvel opus du rappeur suisse. (vous le reverrez plus bas dans l’interview)
Mais stress est aussi quelqu’un d’autre : il peut être Billy Bear. Il incarne alors tout ce que nous n’arrivons pas à être/vivre au quotidien. Pour mieux comprendre rien de mieux que quelques clips :
Billy Bear (regardez surtout le passage après 2min20(deuxième partie))
V : son tout dernier clip (disponible uniquement sur le dernier album sorti en Suisse – nous y reviendrons plus bas d’ans l’interview) : re-voila le coté « psy » de Stress : regardez ça, et encore une fois quelle belle énergie :
Enfin Stress c’est surtout ce qu’il ressent : son coté introspectif et réfléchi : son père ayant abandonné le foyer, son ex femme et ses tentatives de chantage et de suicide… tout cela l’a beaucoup inspiré et l’artiste se dévoile.
Si vous avez pris la peine de regarder ces quelques vidéos vous avez pu voir la palette large que ce rappeur peut proposer : des textes sombres, doux, dansants, mais surtout et ça il faut le souligner une ouverture musicale sans précédent dans le monde du rap français : Stress est ouvert au rock, au punk, à l’électro, aux raps durs, intimes.
Un petit medley :
Après cette présentation voici un interview en compagnie de Stress à la veille de son concert parisien :
Dany : Stress, merci de me recevoir, depuis le temps que je souhaitais pouvoir t’interviewer mince, nous sommes quand même voisins. Tu as commencé le rap dans les années 90 avec le célèbre groupe « Double Pact », composé de Nega, Yvan et toi ? Peux tu nous préciser ces débuts ?
Stress : Avec Double Pact on a commencé vers 1994 : on a sorti un premier disque en 1996 a travers le label Night& Day, un label indépendant qui sortait pas mal de trucs indépendants dans le rap et on a sorti ce premier EP avant de sortir plusieurs albums … et qui ne sont pas forcément sortis en Suisse : on a eu deux trois galères de distribution : ensuite en 2002 j’ai attaqué ma carrière solo avec mon premier album qui s’intitule « Billy Bear » : et après on a enchainé les disques en Suisse : ça a bien marché.
D : Quand cela a t’il commencé à « exploser en Suisse » ?
S : avec le premier album déjà c’était pas mal, mais tous les disques de Stress en Suisse sont soit « Or « soit « platine » : on a trouvé le bon angle là bas et on a enfin réussi à sortir un disque ici (en France).
D : Aujourd’hui tu es en France : ce que je te propose c’est d’abord de parler de toi « plus profondément » : Tu aimes beaucoup te dévoiler, et montrer quels sont les sentiments qui t’envahissent ?
S : j’aime bien me promener nu dans la rue c’est un grand kiff (rires)
D : ce que je veux dire c’est que tu brosses l’amour, la haine, la colère, la joie. En sommes toutes les attitudes humaines : ce qui est intéressant chez toi c’est que tu mets humanité, ton coté humain dans ton rap.
S : Oui, tout à fait, pour moi quelque soit le sentiment, quelques soient les expériences que l’on traverse, il n’y a pas a en avoir honte : la vie c’est la vie : parfois elle peut être merdique, mais parfois elle peut être bien aussi, donc je ne vois pas pourquoi on n’exprimerait l’un et pas l’autre.
D : Pour illustrer ton « univers » j’ai choisi trois morceaux et le premier est « Des fois ». Dans ce morceau justement tu te dévoile beaucoup : tu parles parfois de tes envies de suicide à une certaine époque quand tu as souffert de certaines choses : tu parles de ton mariage, de ton divorce, de ta femme qui a voulu se suicider… : peux tu nous parler un peu plus de ce morceau ce dernier montrant ce que tu es.
S : c’est surtout un morceau que j’ai écris après une période assez difficile et qui regroupe pleins d’émotions différentes : il y a plein de choses qui me dérangeaient beaucoup à l’époque et j’ai finalement trouvé une façon de tous les mettre dans le même morceau. Pour moi je l’ai écris car j’étais en pleine dépression et j’avais besoin de le faire : et c’était un moment où plus grand chose n’avait d’importance.
D : nous allons passer sur un autre morceau pour montrer la palette de tes styles et des tes capacités à aborder des thèmes différents : c’est avec le morceau « Mais où » : ce morceau a un historique :tu expliques ta position par rapport à l’UDC (l’Extrême droite suisse), mais aussi ta vision et position dans le « rap Game » : tu montre ton véritable amour pour cette musique : ceci à travers un texte bien pensé et bien posé : « Ils croient que les clichés et le fricotage ça fait vendre… La musique résulte des problèmes sociaux et non l’inverse … »
S : Pour moi il ne faut pas être « drogue dealer ou gangster ou je ne sais quoi » pour faire de la musique : on est tous des musiciens et la plupart des gens qui le disent mentent : on est des musiciens ; après c’est bien de mettre du « life style » : et ceci jusqu’à un certain point, mais pour moi ce qui importe c’est la musique et qu’on se dise que nous sommes des artistes et que nous devons faire évoluer cette musique. Il y a des gens qui sont accrochés dans le passé, il y a des gens complètement victime du présent c’est à dire qu’ils copient tout ce qui existe dans le présent : et pour moi c’est important que l’on pense d’une certaine manière au futur et qu’on essaye de faire évoluer notre musique. On a tapé du pied pendant des années pour être reconnu comme une musique en tant que tel et aujourd’hui on nous a finalement donné cette place et on failli au challenge : si tu regardes les ventes de rap ca ne fait que de décroitre : ce qui veut dire que les gens ne sont plus intéressés : et pourquoi cela ne les intéressent plus ? Parce que cette musique n’a pas ou plus évoluée depuis un moment donc aujourd’hui c’est pour cela que j’admire des artistes qu’on soit d’accord ou pas avec eux comme Kayne West : ils essayent des trucs : c’est important d’essayer : ce n’est pas important que cela corresponde à un format ou à une attitude : il faut essayer, il faut choquer, il faut surprendre et ça c’est le plus important.
D : pour reprendre tes textes de ce morceau tu dis : « moi la zik j’y mets toute ma vie »« je te garanti que tous ces cliches ca m’assassine, on met 2/3 pétasses dans une piscine , 2 :3 bouteilles de Xtal…. Aujourd’hui il faut vendre de la drogue, faire de la taule pour faire du rap, et la musique dans tout ca, tout le monde s’en tape » Cela résume pas mal tout ce que tu viens de nous dire, bravo.
S : C’est ce coté de se dire est ce qu’on veut être des artistes ou être simplement des rappeurs : je trouve que c’est très bien pour moi j’essaye vraiment de me dire qu’il faut essayer d’être un artiste et d’amener les choses plus loin ; je n’ai pas envie de me répéter : des albums on en a fait, et à la fin tu te dis combien d’artistes dans ce rap game ont finalement fait plein d’albums : finalement ceux qui sont les plus reconnus, les anciens tels ASSASSIN, Iam ou NTM : ou même des mecs comme Rohff etc : qui ont su innover et c’est là le seul moyen de survivre.
D : Le troisième morceau pour illustrerla diversité de tes styles avec le morceau « On a qu’une terre ». Une autre de tes facettes et que tu es très tourné vers l’avenir et l’avenir de la planète : l’avenir de l’homme même : tu nous a réalisé un superbe clip : d’ailleurs à ce sujet, où a été réalisé ce clip ? avec un bateau dans une mer de sable ?
S : On est allé au Kazhakstan, c’est la Mer d’Aral : l’homme a construit des digues pour irriguer des champs de coton et ça a niqué toute la mer et tout ce qu’il y avait d’humain : il n’y avait plus rien pour les gens qui était là bas depuis des années et qui étaient des pécheurs etc … il y a toute une mer qui est asséchée et à ce niveau là c’est une catastrophe naturelle et on a eu envie de tourner le clip là bas. (le clip est dans la présentation plus haut).
D : Derrière tu as aussi écrit un morceau et ce sera aussi une question qui arrivera plus tard : sur l’album suisse, car j’ai aussi écouté l’album suisse « Des pions des rois et des fous » , et je ne comprends pas pourquoi tu n’as pas mis le morceau « question de survie » sur l’album français ? Ce morceau étant encore plus réaliste et plus profond … (voici le morceau en question : .)
S : Il faut commencer quelque part. C’est un point de départ et cela ne sert à rien d’amener l’étape deux avec la première : il faut donner la une, la digérer et passer à la suite.
D : On va continuer justement sur le coté musical. En effet, ce que tu aimes toi aussi c’est la musique : cela se ressent forcément sur le rap : car tu fais du rap, mais aussi de la soul, en passant par le rock, le reggae et l’électro. A la base as tu une formation musicale ?
S : je n’ai aucune formation musicale : c’est surement pour cela que je fais du rap aujourd’hui : parce que c’était la musique qui m’était la plus accessible : et je kiffais simplement la musique. J’ai d’ailleurs lu la biographie d’Anthony Kiddis, le chanteur des Red Hot Chili Pepers et il y dit : « pourquoi j’ai commencé à chanter : parce que j’ai vu Grand Master Flash qui rappait et je me suis dit moi aussi je peux faire ça. Il a commencé a chanter et si tu regardes, les morceaux des Red Hotau début ils étaient vachement plus scandés. (Voici un « remix » d’Under the Bridge : )
D : derrière justement : et peut être aussi car je connais tes albums « suisses » et tes différentes sorties, et donc ton dernier album suisse, L’album que tu as sorti en France m’est déja connu : l’album entre deux mondes contient des morceaux issus de tes précédents albums à part deux inédits (dont un avec Diams et l’autre avec Soprano (Psy4) : bref là ou je veux en venir : c’est que dans l’album « suisse « tu mets des morceaux avec Jaba où c’est plutôt reggae/électro, donc tu innoves, tu cherches quelque chose, et on le voit vraiment…
S : oui, pour moi c’est important de trouver des sonorités qu’on a pas exploité ou des trucs qui nous fassent vibrer différemment, et ça il faut essayer : si tu n’essaye pas tu ne sais pas. Nous avons essayé pleins d’autres trucs qui n’ont jamais marché.
Voici le morceau avec Jaba : « vers la lumiere feat. jaba » : (uniquement disponible sur l’album Suisse)
D : du coup ne pas l’avoir mis sur le premier c’est parce que c’est un départ. Et c’est donc la même chose pour un autre morceau présent sur l’album suisse : « NaNaNa » avec Nega : c’est un morceau beaucoup plus Dancehall, beaucoup plus péchu : et pourquoi ne pas l’avoir mis ?
S : Oui, il tue ce morceau, surtout en live, et pourquoi ne pas l’avoir mis car : quand on a fait le master de celui la j’étais en train de finir l’album suisse donc il n’était pas encore fini : il faut voir que quand l’album a été terminé pour la France, moi j’étais en train de finir un autre album pour la suisse.
D : il y a aussi eu un problème contractuel avec la France veux tu en parler ?
S : en fait on était chez Universal en Suisse, et Universal suisse a proposé à Universal France, qui a pris une option, mais on a attendu attendu, et on s’est retrouvé un peu bloqué : ensuite on a eu une re-négociation de contrat et on a pu sortir de ça.
D : l’album français est un album « spécial » pour la France, une première étape, je reprends tes mots, tu viens de sortir dans le même temps ton albumen suisse : cet album est une V2 de l’album « Rennaissance » plus quelques inédits dont ceux avec Diams et Soprano : tu voulais donc que le public français puisse découvrir ton univers.
S : exactement : c’était important de faire le premier pas et de se dire qu’il y a un artiste qui s’appelle Stress, et de venir faire des freestyle à Générations 88.2, et de faire quelques concerts, afin que les gens sachent qu’on existe : et ça c’est super important. Après vendre des disques ou pas visiblement c’est une autre discussion, ça prend du temps et cela prend du temps et depuis le temps que je suis là dedans, j’en suis bien conscient.
D : Parlons un peu des gens qui t’entourent : il y a Yvan : est ce le seul Beat Maker autour de toi, ou prends tu aussi des instrumentals auprès d’UnionBeats ?
S : Oui mais ce n’est même pas ça : les seuls beats que je prends viennent d’Yvan. Aujourd’hui je considère que tu travail les sur un album avec une personne : c’est pour cela qu’en Amérique la plupart des artistes ne travaillent qu’avec une seule personne : ils sont alors une équipe : en équipe tu arrives à créer un son, à plus a créer une identité sur un album : plutôt que de prendre des beats à gauche, à droite. Je pense que cela a d’ailleurs tué une certaine créativité à un certain moment et puis si tu regardes aujourd’hui les albums sont de nouveau de plus en plus travaillés.
D : Du coup as tu écouté le dernier album de Médine (Arabian Panthers) car celui ci a été réalisé sur le même modèle : un duo avec Médine et Proof pour les musiques.
S : J’ai essayé de le chopper mais en Suisse on n’arrive pas à le trouver.
D : J’essayerai de t’en ramener un demain avant le concert.
Pour enchainer on va parler des invités de ton album : deux français et pas des moindres : Diams et Soprano (psy 4) : comment s’est fait le choix, la connexion ? : le feeling … l’échange.
S : Diams je l’avais rencontré lorsqu’elle avait travaillé avec Yvan et je l’avais vu aussi à un concert en Suisse, on a aussi fait un plateau commun une fois, elle était vraiment sympa et je lui avais demandé s’il était possible de faire un jour un morceau ensemble : et elle avait bien accroché sur certains morceaux de Double Pact aussi donc elle a été opérationnelle pour ça et cela m’a fait vraiment plaisir. Cela faisait un moment qu’on essayait de se caler ça et puis on a finalement réussi à le faire.
Pour Soprano, je l’avais rencontré à un festival en Suisse genre, il y a plus de 10 ans.
D : l’album « l’heure de vérité » de Prodige Namor est un bijou, pour moi c’est un des albums essentiels du rap francais des années 90 ; il avait réuni sur un même disque des gens comme les Psy4de la rime, (qui apparaissait pour la première fois sur un disque), Kery James, Rockin Squat et toi …
S : moi j’avais rencontré les Psy4 : et direct Sopra m’a dis « oui avec le morceau « Les nerfs à vifs » …: j’ai kiffé » et on est parti là dessus. Ensuite on s’est recroisé quelques fois et ensuite on a eu une scène/date commune à Lausanne et on a travaillé ensemble.
D : Ce qui est aussi intéressant chez toi c’est ton amour de la scène : tu adores cela : sur scène tu te comporte plus comme un « rocker/performer » : cad que tu « t éclate/te donne sur scène » : tu aime le rock la pop : avec par exemple la reprise du morceau des Red Hot sur ton morceau « Des fois,
S : oui, je fais de la musique pour être sur scène : c’est ma vie.
D : tu es justement sur scène (demain) le 07 à l’Alhambra avec Tunisiano des Snipers : comment s’est faite cette rencontre et qu’avez vous prévu : je crois savoir que vous allez mélanger vos univers, interprétations… peux tu nous dire quelques mots sur ce show ?
S : on essaye de switcher des trucs : de rendre la chose un peu interactif, et que cela ne soit pas simplement un groupe qui joue avant et une seconde partie : c’est à dire non pas moi en première partie et lui en second, mais un vrai échange avec un mélange de genres : on a divisé le concert en plusieurs parties et on essaye d’avoir des moments d’interaction au milieu où moi je reprends un de ses morceaux avec mon groupe et lui vient rapper sur le truc…
D : pour continuer sur les lives, combien as tu fait de scènes, surtout en Suisse ?
S : j’en ai fait beaucoup, je pense entre 50 et 60 dates : je peux m’y exprimer de un, mais de deux je pense qu’aujourd’hui la musique se communique sur scène, elle se vend sur scène, les artistes (tous styles) se défendent sur scène et ceux qui ne l’ont pas compris doivent prendre du recul : si tu n’es pas bon sur scène tu vas en payer le prix. Ce n’est pas du tout pour dire toi tu es un chanteur de studio …, mais si tu n’es pas bon sur scène il y aura des répercussions à ce niveau là, parce que tu auras moins d’interaction avec les gens, c’est super important.
D : j’ai oublié de parler d’autres personnes qui t’entourent : il y a Karolyn, et Nega
S : Oui, ils seront avec moi sur scène et m’accompagnent toujours.
D : Si tu devais ne garder qu’un seul morceau parmi tous ceux que tu as pu réaliser et je me doute que le choix est difficile, se serait lequel ?
S : Je n’en ai pas, pour moi, si j’ai un morceau préféré dans mon album c’est que j’ai un album de merde (rires)
D : J’ai trouvé deux fois trois mots pour te caractériser : c’est « humain, conscient, politisé » c’est la première série et les trois autres sont « technique, simplicité et schizophrène » : schizophrène dans un bon sens : c’est à dire que tu es capable de créer des personnages et nous n’avons d’ailleurs pas encore parlé de Billy Bear, qui est ce que tu voudrais être souvent : sans pression, sans devoir te poser des questions etc : le coté conscient, amoureux, triste et le coté humain et c’est pour cette raison que j’utilise le mot schizophrène. es tu d’accord avec ces mots ?
S : moi je pense que chaque artiste est un peu schizophrène : on a tous des rôles différents.
D : tu es l’un des rares à avoir créer ton double, ton alter-égo
S : pour moi je trouve que c’est important de pouvoir se donner des libertés : c’est important de rester cohérent pour les gens et donc moi cela m’a permis d’explorer pleins d’autres choses et cela m’a permis de m’enlever de la pression sur pleins d’autres choses et je trouve qu’il y a un Billy bear en chacun d’entre nous : après il faut simplement le lacher.
D : qui est Billy Bear alors ?
S : c’est le mec qui fait tout ce qu’il veut n’importe quand, sans se poser de questions; qui quand il veut se défoncer la gueule il se défonce … quand il a des obligations et que cela ne va pas il laisse passer… c’est pas un exemple, mais … (rires)
D : Je pense que nous avons bien balayé ton univers, peux tu nous dire quelle est la suite : après cet album francais et l’autre en Suisse (Des rois, des pions et des fous) et la suite, c’est beaucoup de scènes en Suisse ?
S : Oui là on est en pleine tournée en Suisse, on joue demain à Paris, vendredi et samedi on joue en Suisse. La scène c’est ma vie, je ne suis plus au stade où genre je me lève et je bande parce que je vais faire un concert, mais je kiffe car je sais que c’est ma vie et que je l’ai choisi : on fait des bêtes de scènes dans le sens où on se marre, le public se marre, on a vraiment une bonne tournée.
D : le mot de la fin Stress ?
S : Venez nous voir en concert, donnez une chance au disque, allez l’écouter au moins, si vous tombez dessus et venez nous voir en concert, ce n’est pas un truc typique etc, mais il y a plein d’énergie et c’est du bon rap en même temps.
Pour finir ce dossier, voici un bref live report du concert de Stress et Tunisiano à l’Alhambra à Paris :
Un des moments phares du concert avec Mokobé en invité surprise :
Tunisiano, et Stress ont créé de temps à autre une réelle symbiose, en s’échangeant leurs univers et/ou leurs paroles. Sont aussi apparus en invités surprises (Akéto, Le papa du Molotov 4, Mokobé…). Stress était accompagné de son band, Tunisiano de son Dj.
ElDiablo et moi nous sommes déjà rencontré l’année dernière pour parler des Lascars et de la Bande dessinée de la série. Pour rappel « Lascars » est une série d’animation (au format court – 1 min) créée par El Diablo et Alexis Dolivet avec Diam’s, Omar& Fred, Vincent Cassel, Vincent Desagnat, IZM. Cette série a été pour la première fois diffusée le 21/07/1998. Les LASCARS mettent en scène les tribulations quotidiennes de la jeunesse d’aujourd’hui. Une culture qui s’épanouit depuis plus de 20 ans et devient, peu à peu, un modèle dominant à travers les modes … Mais revenons sur le film qui doit sortir à la mi – Juin!
Quel est le « pitch » du film ?
Le concept de long métrage au départ, nous on avait envie d’un film un peu chorale, comme la série : le héros c’était plus les histoires que le personnage , on ne pouvait pas se permettre cela dans un long métrage, par contre on ne voulait pas non plus totalement abandonner cette idée, donc on a eu envie d’un film où il n’y ait pas un protagoniste, mais au moins 5 ou 6. C’est à la fois les aventures de Tony Merguez, et José Frelat qui sont deux mecs qui essayent de partir en vacances mais qui n’y arrivent pas, Tony il a une meuf qui lui prend la tête, il fait du trafic de Beu, il se met en galère avec un gros Dealer, José Frelat lui fait des travaux dans la maison d’un juge, au black pour pouvoir se payer ses vacances, mais ca part en couille, il veut se taper la fille du juge, mais n’y arrive pas. A coté de ça, on a Momo qui a toujours voulu tourner du Porno, on a aussi Sammy et Narbé, qui sont deux espèces d’attrapeurs de meufs pas très habiles, ils racontent à tout le monde qu’ils partent à Santo-Rico, mais manque de bol ils peuvent plus partir : donc obligé de faire croire à tout le monde qu’ils sont partis : c’est chorale. Au départ on voulait un truc à la short cut, ou à la Pulp Fiction, les histoires étaient indépendantes, mais au fur et à mesure de l’écriture du film, tous les personnages se connaissent, ils sont en interaction les uns avec les autres, mais ça garde ce coté la: ma grande référence en terme de mise en scène, c’est une série comme Oz, qui à la fois est linéaire et en même temps raconte tout le temps les destins d’au moins 4-5 personnes en même temps : en l’occurrence là ça se centralise autour de l’été et des vacances dans une ville qui s’appelle Condé-sur-Ginette :et avec tout ce que qui peut se passer atour des vacances et des gars de la rue : on a des héros, mais le vrai héros c’est la rue et les différentes situations. »
Combien y a t’il de personnages « centraux »/principaux ? Je crois savoir qu’il y aura Tony Merguez et son pote José Frelate, Sammy et Narb mais combien d’autres personnages ?
Cet article a été écrit il y a un an (jour pour jour)et redevient d’actualité avec la sortie du Film « Les Lascars » au cinéma prévue pour le 17juin. Aussi, pour vous replonger dans cet univers si particulier et cher à bon nombres d’acteurs/amateurs de rap et/ou de Hip Hop; revoici cette rencontre avec l’un des piliers fondateurs de la série : ElDiablo.
Le Hip Hop rayonne, et ne touche pas que les 4 disciplines fondatrices (mciing, djiing, Graphisme, BBoying), il touche aussi la littérature, sous la forme de Bande dessinée, Comics et Manga, mais aussi sous la forme de films, et de dessins animés(DA).
J’ai RDV avec le créateur des Lascars : El Diablo. Mais que sont les « Lascars »?
Lascars est une série d’animation (au format court – 1 min) créée par El Diablo et Alexis Dolivet avec Diam’s, Omar & Fred, Vincent Cassel, Vincent Desagnat, IZM. Cette série a été pour la première fois diffusée le 21/07/1998. Les LASCARS mettent en scène les tribulations quotidiennes de la jeunesse d’aujourd’hui. Une culture qui s’épanouit depuis plus de 20 ans et devient, peu à peu, un modèle dominant à travers les modes …
Avant de commencer l’interview, voici de quoi vous mettre ou remettre dans le bain (pour ceux qui ne connaissent pas ce DA):
Commençons l’interview (plus bas vous pourrez encore regarder d’autres épisodes et pas des moindres) :
ELDiablo, avant de revenir sur les Lascars, peux tu te présenter ?
Je suis issu d’un crew de graffeurs : les PCP qui a beaucoup sévit dans les années 80 à 90 qui existe encore à l’heure actuelle, mais ce sont des petits jeunes et je ne les connais plus vraiment. Donc culture Hip-Hop à fond depuis l’âge de 12 piges. Depuis à peu près 1984 à fond dans le Hip-Hop, Culture BD énormément. J’ai été le premier dessinateur de BD Hip Hop en France (avant tous les autres (rires)) : en 1991 je publiais dans un magazine qui s’appelait Psykopat : et je racontais un peu mes tranches de vie, ce que je vivais et je les retranscrivais en BD, en histoire d’une page ou deux : ce qui était un petit peu l’ancêtre de la série Les Lascars, bien que graphiquement ça ne ressemblait pas vraiment, ce n’est pas aussi bien que Laurent Nicolas(un des dessinateurs des Lascars) mais voila c’était les premiers pas. Lascars vient de là : d’une BD mensuelle dans les années 90. A part cela je suis scénariste, metteur en scène, dessinateur et auteur de BD : je me défini comme un « artiste multimédia », dans le sens où je m’intéresse plus au fond qu’à la forme : quelque soit le support traité cela m’importe peu, ce qui m’intéresse surtout c’est de balancer les messages : je suis aussi à l’aise dans le dessin, l’écriture, et derrière une caméra.
Dany : Alain Dominique, merci de me recevoir ce soir pour HipHop4ever, vous êtes architecte, avez la cinquantaine, ou la quarantaine
ADG : La cinquantaine plutôt glissante
Cet entretien est disponible au format audio (press play) :
D : D’où vous est venu cet intérêt pour le Tag et le graffiti ?
ADG : L’intérêt est venu du fait que je suis architecte donc avant tout dans la rue comme tous les architectes : l’artiste de la rue le premier c’est l’architecte car pas de constructions égal pas de murs donc pas de tags. Donc je suis l’artiste de la rue mais il se trouve que je ne suis plus le seul parce que sur les murs de mes chantiers et de mes palissades, j’ai vu fleurir depuis une dizaine d’année, un peu plus un art absolument dingue, fort, violent coloré, un art sans limite qui faisait apparaitre parfois mes réalisations architecturales un peu fade et je me suis intéressé à cet art immédiatement et aux artistes. J’ai la chance en tant que bénévole de la fondation SETTON qui distribue des sacs de couchage pour les SDF, une des plus belles fondations au monde parce que fonctionnant sans aucun frais de gestion, 30 euros donnés à la fondation égal un sac de couchage et donc Mme SETTON qui était la responsable merveilleuse mais malheureusement disparue, on allait avec elle gare du Nord distribuer les sacs aux Sdf et là j’ai rencontré les artistes qui revenaient de leur travail ou qui partait et le dialogue s’est engagé sur ce sujet car je trouvais qu’il y avait une grande injustice entre le fait que moi on me demande de faire des œuvres pour la postérité et que eux qui veulent mettre leurs noms alors que moi je ne veut pas mettre le mien on ne leur donne même pas quelques jours à vivre : et je me suis dit on va réparer cette injustice et leur offrir au moins le temps avec des œuvres mises à l’abri du temps et en même temps, à l’abri du temps mais pas à l’abri du regard au contraire, on va l’exposer au grand public donc j’ai voulu le montrer au grand public.
D : alors justement, j’ai compris que vous deviez signer vos bâtiments, vos murs et c’est ce qu’on retrouve aussi chez les graffeurs.
ADG : non, moi je refuse de signer les murs, je refuse de mettre mon nom sur les immeubles parce que je trouve que c’est une forme parfois d’égocentrisme et en tant que vieil aristocrate mon nom parle pour moi , je n’ai pas besoin de l’écrire sur les murs. D’ailleurs c’est amusant de voir que ce sont les aristocrates Emmanuel Debrandt, moi qui portons les artistes et qui sommes proches d’eux et les bourgeois qui en ont peur : c’est très amusant de voir que la bourgeoise a peur du tag et du graff comme le centre de Paris a peur de ses barbares périphériques, alors qu’en fait cet art est né en France à Paris, dans le 7ieme arrondissement au centre de Paris.
D : c’est quelque chose qui m’intéresse énormément, qu’est ce que vous avez voulu proposer ? Nous sommes ici au Grand Palais, comment avez vous réussi à faire venir l’exposition en ces lieux et la deuxième question c’est surtout qu’est ce que vous cherchez à travers ca ? A réveiller les consciences, a attirer des gens un petit peu différent car le lieu et justement exceptionnel ?
ADG : c’est tout cela à la fois, vous avez tout vu, d’abord ce n’est pas moi qui ai choisi le Grand Palais, c’est le Grand Palais qui a voulu avec l’impulsion de Jean Marc Boyé du ministère de la culture et surtout d’Olivier Kaeppelin, délégué aux Arts plastiques qui a voulu immédiatement prendre position dans cet art et redonner au Grand Palais le rôle qu’il a eu précédemment, à savoir l’organisateur de grands salons anonymes et en même temps découvreur de nouveaux mouvements : dans cette deuxième configuration Yves SAINT-GEOURS a eu le mérite de porter le débat sur la place public et de pouvoir présenter au public et de pouvoir lui permettre de rencontrer cet art qui juste à présent était vu mais surtout mal vu.
D : oui et qui est surtout connu d’une tranche de la population qui est plutôt proche de la Culture Hip Hop à la base et là vous vouliez justement l’ouvrir à d’autres ?
ADG : oui tout à fait et je trouvais que c’est un art complet, pluridisciplinaire, un art international, c’est un art à maturité, donc je crois qu’il était temps à la fois de le montrer, de le faire découvrir, de le faire connaitre et surtout reconnaitre.
D : Alain Dominique, pour continuer, qu’est ce qui vous plait autant dans le graff et pourquoi cette envie de regrouper autant d’œuvres différentes et de les exposer ?
ADG : ce qui me plait tant c’est qu’il y a une liberté extraordinaire : toujours une fois les bornes franchies, il n’y a plus de limites. Moi je suis restreint dans mon art, je suis restreint par les règlements, par les administrations, et là je vois des personnes qui s’affranchissent de tous les codes de tous les règlements ou autorisations et qui se lâchent totalement dans un art fulgurant, un art énergique, en plus c’est un art primaire, donc un art premier, un art fort qui vous parle : surtout qu’on est un petit peu au bout de l’art contemporain qui fatigue et il n’y a plus grand chose à dire alors que là il y a des choses extraordinaires à raconter. Maintenant pourquoi autant d’artistes différents et bien d’abord il faudrait dire aussi pourquoi le même thème et le même format…
D : c’est une question que j’allais forcément vous poser plus tard (rires) ADG : tout cela va ensemble, pourquoi autant d’artistes parce que je voulais que cela soit un panorama international de cet art, et pourquoi le même format et le même thème : je voulais une empreinte comparative d’un mouvement. Je crois qu’on ne peut pas juger des chevaux dans leur allure si on ne les fait pas tous courir sur une piste avec des limites et partir au même moment des mêmes starting blocs, donc j’ai voulu que cela soit un défi international, un défi sur un même format, un même thème, et sur un sujet qui n’avais jamais été traité : l’Amour pour que tous les artistes soient ex-æquo et partent dans cette course avec les mêmes
atouts et les mêmes contraintes pour que l’on puisse voir qui sont les bons, qui sont les mauvais, qui sont les meilleurs dans chaque domaine. Donc grâce à cette contrainte de formats, de styles, de lieu et de temps, on peut comparer exactement les styles et chaque individu, chaque personnalité se révèle encore davantage donc une découverte et une découverte presque pédagogique avec une exposition chronologique qui part de TAKI jusqu’aux nouveaux continents que sont la Chine ou l’Iran, donc une promenade dans le temps, une promenade dans les styles, dans l’évolution des styles, une découverte à la fois dans le caractère et dans l’aspect artistique, mais également dans l’aspect historique et l’aspect sociologique : on s’interroge sur la façon dont cet art s’empare des murs abandonnés en jachère, ou ils viennent apporter une nouvelle culture.
D : aujourd’hui vous présentez un recueil de 300 œuvres, donc de 150 artistes, sur chaque fois un dyptique avec cette triple contrainte d’unicité de lieu pour la création, d’unicité au niveau du format et du thème : nous en avons bien compris le but, mais justement le graffiti est aussi quelque part normalement quelque chose d’assez libre d’assez « freestyle » et dans ce cadre pourquoi avoir imposé un thème : nous aurions pu très bien comparer des artistes sans avoir de thèmes imposés.
ADG : justement au contraire, on ne peut pas comparer l’inspiration de chacun si les thèmes diffèrent que les formats diffèrent, que les époques diffèrent, que le temps donné diffère, je crois qu’au contraire, que plu il ya de contraintes : comment comparer le corps de trois femmes : ce n’est pas en mettant une en Burka, une deuxième en robe longue et une troisième en maillot de bain que vous allez comparer leurs corps : regardez Miss Monde, on impose le même maillot de bain à tout le monde : ce n’est pas un hasard, plus vous imposez mieux vous pouvez faire la différence, mieux vous pouvez donner votre avis réellement sur ce qui est montré. Il faut que les gens montre la même or ce qui est intéressant dans le thème de l’amour c’est qu’il n’avait jamais été traité avant par les artistes : donc il n’y avait pas de solution déja toute établie, il n’y avait pas de redite, pas d’astuce, chacun s’est confronté à un sujet qu’il n’avait jamais abordé, donc il l’a abordé à armes égales, avec un seul point commun : leur âme, leur cœur. Donc une œuvre extrêmement rare, précieuse et faite il faut le dire, et on ne le dit jamais assez, faite avec beaucoup de pudeur et énormément d’originalité.
D : que voulez vous dire par pudeur ?
ADG : que l’amour est tout à fait sobre, alors que tout le monde m’a dit tu va avoir des trucs hard, gores, dégueulasse, c’est d’une pudeur extrême, j’ai à peine un bout de fesse, à peine un bout de seins, rien, ce n’est même pas assez érotique, c’est d’une pudeur, d’une tendresse, d ‘une douceur que peu de gens soupçonnaient. Il y a une variété de couleurs, de forces, or tout le monde m’avait dit, des artistes, des galeristes, les plus grands galeristes français, dont certains viennent de rentrer à l’instant m’ont dis mais Alain arrête au bout de trois œuvres tu auras trois fois les mêmes coulures noires et dégueulasses, or j’ai 300 toiles et il n’y a pas deux toiles qui se ressemblent : c’est ça le secret.
D : Alain Dominique, que vont devenir ces œuvres : je me suis renseigné normalement vous vous êtes engagé à ne pas les vendre séparément, que vont elles devenir ?
ADG : elles vont faire le tour du monde, elles vont être accueillies par des musées du monde entier, à qui je demanderai de recueillir les oeuvres des plus grand artistes du pays qui l’accueille comme une sorte de boule de neige que je lance, et qui s’enrichira, à chaque étape des artistes du pays traversé pour que à la longue elle recueille comme une boule de neige toute les épaisseurs, toutes les couches des pays du monde et qu’elle me revienne comme elle est déjà entrain de devenir à savoir la collection de référence du dernier art de cette fin de vingtième siècle.
D : Alain Dominique, moi je fais parti de la culture Hip Hop, vous aussi peut-être ?
ADG : non pas du tout
D : qu’est ce qu’aujourd’hui vous pensez de la culture Hip Hop, et des différents piliers de la culture Hip Hop, le graffiti n’étant qu’un des quatres piliers : il y a en plus les Mcs/rappeurs, les Djs, et les danseurs : est ce que les autres piliers vous intéressent aussi, ou c’est vraiment le graffiti qui un jour vous a interpeler ?
ADG : moi c’est uniquement le graffiti qui m’a interpelé, j’étais confronté encore une fois en tant qu’architecte avec des œuvres sur mes chantiers, sur mon lieu de travail, que je rencontre chaque jour, je n’ai pas la chance, par ma génération, par mon âge, de rencontrer tous les jours des rappeurs ou des Djs, donc je suis beaucoup moins à même de m’entendre avec eux, de recueillir leurs œuvres et de faire avec eux un bout de chemins. Alors que naturellement chez moi également de part mes origines italiennes, la peinture et le mécénat sont traditionnels, donc j’étais beaucoup plus enclin et plus prédestiné à cet aspect de l’art : je ne néglige pas les autres, je ne les refuse pas, mais je ne peux pas entreprendre une telle œuvre dans tous les domaines artistiques, c’est trop vaste pour moi. En plus cela fait prétentieux, moi j’ai essayé de me limiter à une œuvre et je tiens à vous dire quelque chose, j’ai été dépassé par mon projet, je ne pensais pas en commençant le projet je voulais peut être dix artistes, vingt, mais ce sont les artistes qui m’ont poussé, qui m’ont dit il faut aller plus loin ; il faut aller en chercher un tel en Afrique, avoir le Néozélandais, il faut que tu ais le maitre New-Yorkais, et c’est moi finalement, poussé par les artistes : moi j’ai poussé un wagon qui était en pente , je me suis laissé emporté et je me suis fait dépasser par mon projet.et aujourd’hui j’ai un projet dingue, qui me submerge qui fait que je n’ai même plus le temps d’être architecte, qui me prend tout mon temps, car je suis un bénévole, moi je ne vends rien à cette exposition même pas un Tshirt, même pas une casserole, même pas une carte postale : je vends des catalogues à prix coutant, avec une entrée très peu chère, pour que tout le monde vienne, que le plus grand nombre vienne reparte avec un catalogue des 300 œuvres sous le bras, et pour vingt euros : ce qui n’est rien, c’est le prix de revient, un livre comme cela devrait couter 50 euros, moi je ce que je veux c’est diffuser cet art et je travaille avec et pour les artistes. Je crois que c’est une belle leçon de mécénat à une époque mercantile, à une époque où tout est business, et bien il y a encore un bel esprit qui souffle et je serai heureux si chacun venait le découvrir avec un regard sans a-priori, un regard sans préjugés, c’est à dire un regard juste, juste un regard.
Voici le tout dernier pan de toiles de l’exposition : vous y apercevez un lettrage blanc très moderne du Brésilien Nunca., mais aussi la toile d’un graffeur iranien ce sont les toiles des pays « émergents » du graffiti.
Retrouvez une partie des photos de l’exposition ici : Gallerie TAG
Retrouvez enfin un dossier complet sur l’exposition sur le site! Dany pour HipHop4ever.
Mercredi 08 avril 2009, 20H00, j’arrive au Grand Palais pour assister à l’exposition TAG au Grand Palais. La queue est déjà bien longue car ce soir c’est nocturne. Je coupe la file et arrive dans le musée : je monte un magnifique escalier en pierre, passe devant un point accueil et un fronton portant en grosse lettre « COLLECTION GALLIZIA« . J’entre et première surprise avec l’agencement de l’exposition : l’espace est important : 700 m2 s’ouvrent au public, avec une forme rectangulaire et une verrière au plafond. A l’intérieur je découvre trois pans de murs pleins des toiles recouvertes de graffitis et tags. J’observe instantanément à une multitude de couleurs, de formes et d’images qui à chaque coup d’oeuil m’interpellent.
Je vous propose de m’accompagner tout d’abord dans la visite de l’exposition au travers de quelques photos, pour continuer par un interview exclusif avec le papa de TAG : Monsieur Alain Dominique Gallizia dit ADG et finir avec quelques témoignages du public de tout âge et autres photos de la collection.
La visite « conseillée » s’effectue en longeant les toiles et commence du coté gauche par les fondateurs du graffiti comme TAKI(183). Un grand panneau noir montre une première période s’étalant de 1969 à 1989 : qui permet de suivre les artistes reconnus et à leur apogée dans ces années là. La salle est donc divisée en trois partie. Passé la période « old School » le fond lui est une synthèse de l’atelier avec les « fameuses règles du jeu » (la triple unicité) dont nous reparlerons avec ADG. Passé l’atelier, nous poursuivons donc sur le coté droit dans la période 1990-2009 qui prend donc tout le reste de l’exposition.
Alain Dominique est présent dans la salle et en tant que père de l’exposition porte celle ci devant son public : il est devant les toiles et explique chronologiquement les parcours, thèmes et techniques du graffiti. Les visiteurs présents l’accompagnent dans son sillage.Voici une visite (rapide) de l’exposition en vidéo : (d’autres photos et vidéos ci dessous)
Dany : Alain Dominique, merci de me recevoir ce soir pour HipHop4ever, vous êtes architecte, avez la cinquantaine, ou la quarantaine
ADG : La cinquantaine plutôt glissante
D : D’où vous est venu cet intérêt pour le Tag et le graffiti ?
ADG : L’intérêt est venu du fait que je suis architecte donc avant tout dans la rue comme tous les architectes : l’artiste de la rue le premier c’est l’architecte car pas de constructions égal pas de murs donc pas de tags. Donc je suis l’artiste de la rue mais il se trouve que je ne suis plus le seul parce que sur les murs de mes chantiers et de mes palissades, j’ai vu fleurir depuis une dizaine d’année, un peu plus un art absolument dingue, fort, violent coloré, un art sans limite qui faisait apparaitre parfois mes réalisations architecturales un peu fade et je me suis intéressé à cet art immédiatement et aux artistes. J’ai la chance en tant que bénévole de la fondation SETTON qui distribue des sacs de couchage pour les SDF, une des plus belles fondations au monde parce que fonctionnant sans aucun frais de gestion, 30 euros donnés à la fondation égal un sac de couchage et donc Mme SETTON qui était la responsable merveilleuse mais malheureusement disparue, on allait avec elle gare du Nord distribuer les sacs aux Sdf et là j’ai rencontré les artistes qui revenaient de leur travail ou qui partait et le dialogue s’est engagé sur ce sujet car je trouvais qu’il y avait une grande injustice entre le fait que moi on me demande de faire des œuvres pour la postérité et que eux qui veulent mettre leurs noms alors que moi je ne veut pas mettre le mien on ne leur donne même pas quelques jours à vivre : et je me suis dit on va réparer cette injustice et leur offrir au moins le temps avec des œuvres mises à l’abri du temps et en même temps, à l’abri du temps mais pas à l’abri du regard au contraire, on va l’exposer au grand public donc j’ai voulu le montrer au grand public.
D : alors justement, j’ai compris que vous deviez signer vos bâtiments, vos murs et c’est ce qu’on retrouve aussi chez les graffeurs.
ADG : non, moi je refuse de signer les murs, je refuse de mettre mon nom sur les immeubles parce que je trouve que c’est une forme parfois d’égocentrisme et en tant que vieil aristocrate mon nom parle pour moi , je n’ai pas besoin de l’écrire sur les murs. D’ailleurs c’est amusant de voir que ce sont les aristocrates Emmanuel Debrandt, moi qui portons les artistes et qui sommes proches d’eux et les bourgeois qui en ont peur : c’est très amusant de voir que la bourgeoise a peur du tag et du graff comme le centre de Paris a peur de ses barbares périphériques, alors qu’en fait cet art est né en France à Paris, dans le 7ieme arrondissement au centre de Paris.
D : c’est quelque chose qui m’intéresse énormément, qu’est ce que vous avez voulu proposer ? Nous sommes ici au Grand Palais, comment avez vous réussi à faire venir l’exposition en ces lieux et la deuxième question c’est surtout qu’est ce que vous cherchez à travers ca ? A réveiller les consciences, a attirer des gens un petit peu différent car le lieu et justement exceptionnel ?
ADG : c’est tout cela à la fois, vous avez tout vu, d’abord ce n’est pas moi qui ai choisi le Grand Palais, c’est le Grand Palais qui a voulu avec l’impulsion de Jean Marc Boyé du ministère de la culture et surtout d’Olivier Kaeppelin, délégué aux Arts plastiques qui a voulu immédiatement prendre position dans cet art et redonner au Grand Palais le rôle qu’il a eu précédemment, à savoir l’organisateur de grands salons anonymes et en même temps découvreur de nouveaux mouvements : dans cette deuxième configuration Yves SAINT-GEOURS a eu le mérite de porter le débat sur la place public et de pouvoir présenter au public et de pouvoir lui permettre de rencontrer cet art qui juste à présent était vu mais surtout mal vu.
D : oui et qui est surtout connu d’une tranche de la population qui est plutôt proche de la Culture Hip Hop à la base et là vous vouliez justement l’ouvrir à d’autres ?
ADG : oui tout à fait et je trouvais que c’est un art complet, pluridisciplinaire, un art international, c’est un art à maturité, donc je crois qu’il était temps à la fois de le montrer, de le faire découvrir, de le faire connaitre et surtout reconnaitre.
D : Alain Dominique, pour continuer, qu’est ce qui vous plait autant dans le graff et pourquoi cette envie de regrouper autant d’œuvres différentes et de les exposer ?
ADG : ce qui me plait tant c’est qu’il y a une liberté extraordinaire : toujours une fois les bornes franchies, il n’y a plus de limites. Moi je suis restreint dans mon art, je suis restreint par les règlements, par les administrations, et là je vois des personnes qui s’affranchissent de tous les codes de tous les règlements ou autorisations et qui se lâchent totalement dans un art fulgurant, un art énergique, en plus c’est un art primaire, donc un art premier, un art fort qui vous parle : surtout qu’on est un petit peu au bout de l’art contemporain qui fatigue et il n’y a plus grand chose à dire alors que là il y a des choses extraordinaires à raconter. Maintenant pourquoi autant d’artistes différents et bien d’abord il faudrait dire aussi pourquoi le même thème et le même format…
D : c’est une question que j’allais forcément vous poser plus tard (rires) ADG : tout cela va ensemble, pourquoi autant d’artistes parce que je voulais que cela soit un panorama international de cet art, et pourquoi le même format et le même thème : je voulais une empreinte comparative d’un mouvement. Je crois qu’on ne peut pas juger des chevaux dans leur allure si on ne les fait pas tous courir sur une piste avec des limites et partir au même moment des mêmes starting blocs, donc j’ai voulu que cela soit un défi international, un défi sur un même format, un même thème, et sur un sujet qui n’avais jamais été traité : l’Amour pour que tous les artistes soient ex-æquo et partent dans cette course avec les mêmes
atouts et les mêmes contraintes pour que l’on puisse voir qui sont les bons, qui sont les mauvais, qui sont les meilleurs dans chaque domaine. Donc grâce à cette contrainte de formats, de styles, de lieu et de temps, on peut comparer exactement les styles et chaque individu, chaque personnalité se révèle encore davantage donc une découverte et une découverte presque pédagogique avec une exposition chronologique qui part de TAKI jusqu’aux nouveaux continents que sont la Chine ou l’Iran, donc une promenade dans le temps, une promenade dans les styles, dans l’évolution des styles, une découverte à la fois dans le caractère et dans l’aspect artistique, mais également dans l’aspect historique et l’aspect sociologique : on s’interroge sur la façon dont cet art s’empare des murs abandonnés en jachère, ou ils viennent apporter une nouvelle culture.
D : aujourd’hui vous présentez un recueil de 300 œuvres, donc de 150 artistes, sur chaque fois un dyptique avec cette triple contrainte d’unicité de lieu pour la création, d’unicité au niveau du format et du thème : nous en avons bien compris le but, mais justement le graffiti est aussi quelque part normalement quelque chose d’assez libre d’assez « freestyle » et dans ce cadre pourquoi avoir imposé un thème : nous aurions pu très bien comparer des artistes sans avoir de thèmes imposés.
ADG : justement au contraire, on ne peut pas comparer l’inspiration de chacun si les thèmes diffèrent que les formats diffèrent, que les époques diffèrent, que le temps donné diffère, je crois qu’au contraire, que plu il ya de contraintes : comment comparer le corps de trois femmes : ce n’est pas en mettant une en Burka, une deuxième en robe longue et une troisième en maillot de bain que vous allez comparer leurs corps : regardez Miss Monde, on impose le même maillot de bain à tout le monde : ce n’est pas un hasard, plus vous imposez mieux vous pouvez faire la différence, mieux vous pouvez donner votre avis réellement sur ce qui est montré. Il faut que les gens montre la même or ce qui est intéressant dans le thème de l’amour c’est qu’il n’avait jamais été traité avant par les artistes : donc il n’y avait pas de solution déja toute établie, il n’y avait pas de redite, pas d’astuce, chacun s’est confronté à un sujet qu’il n’avait jamais abordé, donc il l’a abordé à armes égales, avec un seul point commun : leur âme, leur cœur. Donc une œuvre extrêmement rare, précieuse et faite il faut le dire, et on ne le dit jamais assez, faite avec beaucoup de pudeur et énormément d’originalité.
D : que voulez vous dire par pudeur ?
ADG : que l’amour est tout à fait sobre, alors que tout le monde m’a dit tu va avoir des trucs hard, gores, dégueulasse, c’est d’une pudeur extrême, j’ai à peine un bout de fesse, à peine un bout de seins, rien, ce n’est même pas assez érotique, c’est d’une pudeur, d’une tendresse, d ‘une douceur que peu de gens soupçonnaient. Il y a une variété de couleurs, de forces, or tout le monde m’avait dit, des artistes, des galeristes, les plus grands galeristes français, dont certains viennent de rentrer à l’instant m’ont dis mais Alain arrête au bout de trois œuvres tu auras trois fois les mêmes coulures noires et dégueulasses, or j’ai 300 toiles et il n’y a pas deux toiles qui se ressemblent : c’est ça le secret.
D : Alain Dominique, que vont devenir ces œuvres : je me suis renseigné normalement vous vous êtes engagé à ne pas les vendre séparément, que vont elles devenir ?
ADG : elles vont faire le tour du monde, elles vont être accueillies par des musées du monde entier, à qui je demanderai de recueillir les oeuvres des plus grand artistes du pays qui l’accueille comme une sorte de boule de neige que je lance, et qui s’enrichira, à chaque étape des artistes du pays traversé pour que à la longue elle recueille comme une boule de neige toute les épaisseurs, toutes les couches des pays du monde et qu’elle me revienne comme elle est déjà entrain de devenir à savoir la collection de référence du dernier art de cette fin de vingtième siècle.
D : Alain Dominique, moi je fais parti de la culture Hip Hop, vous aussi peut-être ?
ADG : non pas du tout
D : qu’est ce qu’aujourd’hui vous pensez de la culture Hip Hop, et des différents piliers de la culture Hip Hop, le graffiti n’étant qu’un des quatres piliers : il y a en plus les Mcs/rappeurs, les Djs, et les danseurs : est ce que les autres piliers vous intéressent aussi, ou c’est vraiment le graffiti qui un jour vous a interpeler ?
ADG : moi c’est uniquement le graffiti qui m’a interpelé, j’étais confronté encore une fois en tant qu’architecte avec des œuvres sur mes chantiers, sur mon lieu de travail, que je rencontre chaque jour, je n’ai pas la chance, par ma génération, par mon âge, de rencontrer tous les jours des rappeurs ou des Djs, donc je suis beaucoup moins à même de m’entendre avec eux, de recueillir leurs œuvres et de faire avec eux un bout de chemins. Alors que naturellement chez moi également de part mes origines italiennes, la peinture et le mécénat sont traditionnels, donc j’étais beaucoup plus enclin et plus prédestiné à cet aspect de l’art : je ne néglige pas les autres, je ne les refuse pas, mais je ne peux pas entreprendre une telle œuvre dans tous les domaines artistiques, c’est trop vaste pour moi. En plus cela fait prétentieux, moi j’ai essayé de me limiter à une œuvre et je tiens à vous dire quelque chose, j’ai été dépassé par mon projet, je ne pensais pas en commençant le projet je voulais peut être dix artistes, vingt, mais ce sont les artistes qui m’ont poussé, qui m’ont dit il faut aller plus loin ; il faut aller en chercher un tel en Afrique, avoir le Néozélandais, il faut que tu ais le maitre New-Yorkais, et c’est moi finalement, poussé par les artistes : moi j’ai poussé un wagon qui était en pente , je me suis laissé emporté et je me suis fait dépasser par mon projet.et aujourd’hui j’ai un projet dingue, qui me submerge qui fait que je n’ai même plus le temps d’être architecte, qui me prend tout mon temps, car je suis un bénévole, moi je ne vends rien à cette exposition même pas un Tshirt, même pas une casserole, même pas une carte postale : je vends des catalogues à prix coutant, avec une entrée très peu chère, pour que tout le monde vienne, que le plus grand nombre vienne reparte avec un catalogue des 300 œuvres sous le bras, et pour vingt euros : ce qui n’est rien, c’est le prix de revient, un livre comme cela devrait couter 50 euros, moi je ce que je veux c’est diffuser cet art et je travaille avec et pour les artistes. Je crois que c’est une belle leçon de mécénat à une époque mercantile, à une époque où tout est business, et bien il y a encore un bel esprit qui souffle et je serai heureux si chacun venait le découvrir avec un regard sans a-priori, un regard sans préjugés, c’est à dire un regard juste, juste un regard.
Voici aussi la version montée au format audio de notre interview : à écouter : y a été ajouté un intru de Yoyo. (press play) :
Voici le tout dernier pan de toiles de l’exposition : vous y apercevez un lettrage blanc très moderne du Brésilien Nunca., mais aussi la toile d’un graffeur iranien ce sont les toiles des pays « émergents » du graffiti.
Retrouvez une partie des photos de l’exposition ici : Gallerie TAG
Voici maintenant divers témoignages recueillis ce même soir : j’ai souhaité interroger quelques personnes : voici ce que l’exposition succite :
Retrouvez aussi d’autres informations sur cette exposition TAG sur : le site officiel
Mes remerciements à Alain Dominique pour sa disponibilité, mais surtout son amour pour le graffiti. Merci aussi à Catherine et Katia. Sujet réalisé par Dany pour www.hiphop4ever.fr
Direction Montparnasse, Paris 15 pour rencontrer un rappeur conscient : Tonio Banderas. Ce Mc vient de Chartres, et a sorti il y a quelques moi un nouveau projet : « Frères d’armes » : vous vous demandez peut-être qui il est et ce qu’il a pu faire dans le rap et bien, HipHop4ever va vous donner de l’information sur ce rappeur encore trop peu médiatisé!
Dany : Tonio, bonjour, peux tu nous dire pourquoi ton blaze ressemble à celui d’un acteur célèbre ? Fais tu aussi du cinéma ?
Tonio : non ça n’a aucun rapport avec l’acteur c’est juste parce que Tonio est mon vrai prénom et ensuite il y a des gens qui m’appelaient Tonio Montana quand j’étais plus jeune et un jour un de mes potes m’a appelé Tonio Banderas et j’ai trouvé que l’idée était pas mal et donc j’ai gardé ça. En plus, ca faisait un peu un coté latin et je me suis dis puisque je suis portugais je pourrais garder ce nom.
D : Tonio, peux tu te présenter plus : tu viens de Chartres, tu as commencé avec des projets avec une bonne portée comme « Mission Suicide », tu avais fait aussi des choses avec Bakar, peux tu revenir sur tes débuts ?
T : Je viens de Chartres. A l’époque j’avais posé sur des cassettes avec des potes à moi : des mix tapes et j’ai rencontré Eben des 2Ball 2Neg : ça c’est bien passé entre lui et moi au niveau artistique et au niveau humain et il m’a proposé de poser la compilation « Mission Suicide » qu’il faisait avec Kilomaitre à l’époque et donc il m’a invité dessus à faire un morceau : j’ai fais mon premier morceau là bas. Ensuite le temps est passé, j’ai présenté Bakar aussi à Eben, et donc on devait sortir un projet ensemble : et ca a tardé à sortir. Ca a trainé et moi je voulais sortir quelque chose : j’ai dis à Eben : viens sortons quelque chose, un maxi. A l’époque il n’était pas chaud, et m’a dit d’y aller seul si je voulais : et avec Bakar on a sorti notre maxi : on a tout fait tout seul : de A à Z : les instrus étaient d’Eben, mais on est allé en studio, on a mixé le tout… Ensuite Bakar a été chez Kilomaitre, donc notre projet commun est tombé à l’eau. Bakar m’a demandé si cela ne me dérangeait pas et je lui ai dis que non, moi je suis resté avec Eben. C’est vrai que cela a été long, entre ce moment là et la sortie de l’album, mais je suis resté jusqu’au bout pour sortir le projet (Boycott).
D : Peux tu nous re-situer dans le temps les projets Mission Suicide (MS) et ton premier album?
T : 2001 pour MS et Boycott est sorti en 2007 donc il s’est écoulé plus de six ans. Six ans où je n’ai pas fais grand chose : le maxi avec Bakar et ensuite j’ai posé deux trois « bricoles » comme « Têtes Brulées 4″ mais aussisur la Tape de Dj Poska « Spéciale Province », et une apparition sur Hématome Concept. J’avais envie de faire des trucs, mais pour Eben ce n’était pas dans son délire, il disait que ça ne servait à rien de sortir des trucs, ça a donc été un peu contre ma nature. J’avais envie de poser, lui ne voulait pas donc ça a trainer, même l’album en lui même était prêt depuis pas mal de temps…
D : Il y a de cela quelques mois tu a sorti un nouveau projet : « Frères d’armes »: pourquoi ce format : ce n’est ni un 5-6 titres donc un format EP, ni un 15-20 au format LP : tu annonces peut être un nouveau projet avec un street album ?
T : oui là c’est plus un concept Street, après je ne sais pas trop la différence entre un street album et un album, mais cela reste un street parce que j’ai voulu parce que tu parles des titres aussi de faire une suite après : une sorte de volume 1 et 2. Au lieu de mettre 17 titres, sur un projet, j’ai préféré le scinder en deux.
D : il est intéressant de rentrer plus en détail de ce projet mais d’abord peux tu nous raconter comment tu écris des morceaux comme Boycott (du précédent projet) ou comme GodIblissYou : des morceaux ou tu écris vraiment beaucoup de choses, et beaucoup de successions de thèmes d’un coup : comment cela te vient ?
T : Tout part de l’instru : parfois cela ne s’explique pas. Tu as l’instru qui te donne des idées, tu écris et tu écris et cela vient comme ça. Il y a des morceaux où je ne me force pas à chercher un thème avant : il y a des morceaux où je sais que je vais plus partir sur un thème : comme c’est le cas sur Boycott par exemple : qui est un morceau sur l’alcool : et ça je l’avais décidé : et quand l’instru est arrivé : je me suis dis c’est ce morceau là : mais pour beaucoup d’autres il n’y a pas de thèmes défini, cela part à l’instinct.
D : ton album comporte dix morceaux, à l’intérieur de ces 10 il y a un seul vrai solo plus l’outro et du coup, peux tu nous expliquer ce choix d’avoir choisi de faire beaucoup de featuring (7 au total) ?
T : C’est justement le concept que je voulais réaliser avec que des feats. Et j’ai aussi rajouté un solo parce que quand j’ai eu l’instru que j’ai beaucoup apprécié, je me suis dis : fait donc un solo là dessus, et c’est aussi une occasion pour ceux qui ne me connaissent pas encore d’éviter qu’ils se disent ou pensent : « ouais le mec il ne fait que des featurings » : je dois rappeler que je sais aussi rapper tout seul. Ce projet est vraiment un kiff que j’ai fait et pour ceux qui ne connaissaient pas l’album Boycott, sur lequel d’ailleurs il y a très peu d’apparitions d’autres rappeurs : et là je voulais simplement montrer que je sais aussi rapper tout seul, mais mon but était de m’entourer d’artistes que j’apprécie.
D : au niveau des featuring, tu as fait appel à de belles personnes : tu as pu avoir des gens comme Mac Tyer, Sté Strauss, Black Jack (des Démocrates D), comme Kazkhami, Kalash l’Afro et encore Bouga : comment se sont faites les connexions ? Mais aussi le choix de ces collaborations n y retrouve des anciens (Bouga, BlackJack et Sté), mais aussi des rappeurs dits de la 2ième générations : parle nous du choix des artistes ?
T : Le choix c’est de mettre vraiment beaucoup d’anciens, après tu ne peux pas non plus avoir tout le monde, mais mon but premier était de mettre des anciens : donc je suis parti avec quelqu’un comme Black Jack; comme Sté, et même ceux qui sont moins « anciens », ils sont quand même présents depuis un petit moment : même Mac Tyer est là depuis un petit moment, bon après la difficulté c’est vraiment d’avoir tout le monde.
D : Il y a des gens que tu aurais aimé avoir à tes cotés ?
T : Oui, mais on verra peut-être sur le prochain projet: il y aura d’autres personnes. Le but était donc d’avoir des gens qui sont là depuis longtemps et même s’ils ont un blaze moins connu : ce n’est pas grave : ce sont des gens que j’apprécie aussi musicalement : c’était ça le but.
D : Comme prévu nous allons rentrer plus en détail dans cet album à travers le premier morceau. Ce morceau a donc été mis exprès en premier pour introduire ton univers. Il se nomme « God Ibliss You », il est assez complexe, pour ne pas te le cacher : tu y mets beaucoup de thèmes : tu t’y présente en expliquant que « tu as le coeur qui saigne », tu montres en fait qu’il y a un combat contre toi même : tu essaies de prendre du recul sur toi même, tu y parles aussi d’argent, tu préviens les auditeurs de se méfier et tu dis aussi que « tu puises ta force dans ton écriture ». En somme dans ce morceau tu te dévoile et met en garde tes auditeurs.
T : C’est une foulée de sentiments, tu peux interpréter ça comme des faits religieux, ça peut être des choses que tu retrouves dans la musique, même si personnellement je n’aime pas parler de religion dans mes morceaux, mais c’est des sentiments que tu ressens, aussi bien au niveau de la vie que des choses que tu rencontres, de ta vie de tous les jours en fait. Quand tu grandis, tu as certains problèmes et tu peux avoir un certain malaise au fond de toi et c’est ce qui fait que tu écris des morceaux comme ça. C’est un espèce de mal-être…
D : Tu rajoutes dans le morceau « mes textes restent dark » : tu as vraiment un univers assez rap conscient en général, mais assez sombre ?
T : Oui je suis assez sombre, après c’est plein de choses : il n’y a pas un seul thème, c’est un mélange.
Voici le morceau en écoute :
D : On va maintenant aborder le morceau que je préfère qui est celui avec Black Jack : avoir BJ et cette voix surtout, ca doit être assez impressionnant du fait de sa sacrée voix, et surtout un instru magnifique à la fois doux et gras : une voix douce en fond et un beat assez violent dessus : qui a fait cet instrumental ?
T : La prod a été fait par un mec de Paris qui s’appelle l’Artiste.
D : Bravo l’artiste (rires)
T : Il m’avait fait écouté pas mal de prods et j’en avais bien apprécié deux, mais l’autre était plus mélancolique, et moi justement je voulais des morceaux plus patate, et quand j’ai écouté celle-là il y a un truc qui m’a parlé : la voix d’enfant qui revient tout le temps. Je l’ai fait écouté à Black Jack qui a kiffé et donc ça a été facile pour faire le titre.
D : pour revenir sur ce morceau : tu te présentes comme l’outsider, tu parles du rap brut et pas de pute, l’idée c’est que tu parles aussi des coups de bâtons qu’on a pu te mettre et tu expliques que tu prends plus ou moins ta revanche : et tu dis un truc intéressant : « Boycott on a fumé les stocks » : tu as vendu tout ce qui a été pressé ?
T : Pas vraiment tout, mais je me suis bien débrouillé. J’annonce un peu le retour, je suis ne vais pas me proclamer outsider mais bon j’ai pas vraiment beaucoup de visibilité, et je me bats avec mes moyens et je trouve que c’est vrai qu’avec le recul des fois je me dis que j’aurai pu avoir un autre parcours. A l’époque quand je regarde sur mission Suicide, il y avait beaucoup de buzz ; tous ceux qui étaient là ils ont tous percés, pratiquement en tous les cas : et voila j’ai eu un parcours différent, mais je ne regrette pas. Après tu as des opportunités, pleins de choses et parfois il faut baisser son froc et moi je suis un peu tétu, il y a des trucs que je ne ferai pas : peut-être que je me referme, mais ce n’est pas grave, au moins quand j’arreterai le rap je pourrais me regarder dans la glace, tout ce que j’ai fait je ne le regretterai pas.
D : Black Jack est magistral sur ce morceau : il parle des politiciens, du fait de se battre, il essaye plus ou moins de faire la révolution à l’intérieur du morceau en disant « on devrait tous naitre avec les mêmes droits » , il trouve que les politiciens sont des oppresseurs : il est assez critique envers la société et ils dit qu’il investit son temps dans la résistance, en fait est ce toi qui lui a donné ce thème, est ce lui qui a voulu partir comme cela ?
T : non c’est lui, il savait que j’avais une écriture plutôt consciente, et donc il avait écouté Boycott et il est parti dans un délire un peu conscient et politique. C’est quand même un grand monsieur, cela fait longtemps qu’il est là : il a des choses à dire, il a du vécu : c’est un morceau avec de la pèche.
D : Y a t’il eu des échanges particuliers ? c’est presque un Papa : il fait parti des « Papas » on va dire:ya t’il eu une symbiose ?
T : C’est le premier morceau que j’ai fait et ça c’est super bien passé : humainement déjà on s’est bien trouvé,même quand on a enregistré, on était vraiment dans une bonne ambiance, et franchement c’est vraiment un bon gars : j’ai vraiment apprécié la connexion.
D : En parlant de bien se trouver il y a encore un autre morceau que j’aimerai aborder avec toi : le morceau avec Kazkhami. Ce dernier est plus jeune, près de la trentaine, peux tu nous parler de la complicité que tu peux avoir avec lui : c’est pour moi un excellent morceau car on sent celle ci : et j’allais dire que vous étiez de la même génération de rappeurs : la deuxième. Enfin, c’est un morceau simple qui parle de la vie de tous les jours : peux tu nous parler de tout cela et de tes échanges avec ce rappeur ?
T : Kaz quand je l’ai contacté était super « opé », cela a été très rapide : on a choisit l’instru ensemble, on a écouté pas mal d’instrus, c’est même moi sur la fin qui ait choisi cet instru : lui était finalement d’accord sur n’importe laquelle : et je ne sais pas je suis tombé sur celle là et je trouvais aussi qu’elle avait un délire différent : un truc un peu west-coast : c’est vrai que le beat est spécial, mais j’ai trouvé cela original. On est ensuite parti sur ce thème là.
D : Et le concept du comment : avec la multiplication du mot « comment »
T : Ca c’est parce que lui le disait dans son texte et je me suis dit que cela serait bien de reprendre ça pour le refrain et il a été convaincu : et c’est comme ça que nous sommes partis sur le délire du « comment ».
D : le dernier morceau que j’aimerai aborder avec toi est « le parcours du combattant » avec Mac Tyer. Encore une fois un duo,mais quel est le sens de ce morceau : toi tu y dis « Réussir c’est avaler l’anaconda à la place de la couleuvre »
T : Oui c’est dire que c’est « plus dur que dur », c’est plus dur pour certains.
D : Mac Tyer (moitié de Tandem) a cette chance d’avoir pas mal de visibilité, parce qu’il est super prolifique, il a sa propre structure, il se bouge beaucoup, qu’est que cela fait de rapper avec un mec qui est vraiment très actif et qui essaye de se démerder pour proposer des choses ?
T : C’est surtout que lui il est vachement Hip Hop, tu l’appelles pour lui dire viens on fait un morceau et il déboule direct. Lui je le connaissais depuis l’époque de Mission Suicide aussi, donc il n’y a pas eu de soucis. On s’était un peu perdu de vue depuis pas mal de temps, mais quand je l’ai recontacté il m’a dis aucun souci : cela s’est fait très vite aussi. C’est me mec qui peut te faire dix morceaux en deux trois jours : le mec il écrit écrit, débite.
D : toi justement pour parler de l’écriture, mets tu longtemps à écrire ? on voit que tu soignes ton texte et on pense que cela ne vient pas forcément à la seconde, ou bien as tu une écriture « assez naturelle » et fluide ?
T : Moi ça va en général assez vite : je ne suis pas quelqu’un de méticuleux, de pointilleux…
D : pourtant le résultat fini est précis
T : oui mais je ne suis pas là à me prendre la tête, à recommencer un texte, moi quand mon 16 ou mon 24 est fini je ne suis pas à revenir dessus. Quand c’est écrit je passe à autre chose. Bizarrement il y a des morceaux que j’écris d’une traite et d’autres que je vais écrire en plusieurs étapes. Un morceau d’une traite peut me prendre par exemple deux heures, mais ca dépend : certains morceaux viennent plus vite. Quand je vois que je galère je zappe, parce que je n’ai pas envie de bacler certains trucs, donc je zappe et revient dessus plus tard. Parfois tu as moins d’inspiration mais tu veux quand même aller à la fin du morceau : au lieu de dire des conneries tu arrêtes et tu reviens plus tard pour bosser. Donc en fait finalement je suis un peu méticuleux (rires), mais pas trop quand même.
D : Tonio, passons maintenant sur des questions plus générales : as tu acheté ou écouté des albums récemment ?
T : Bishop Lamont(rappeur Us), je me tiens au courant des sorties rap français.
D : Tu suis donc le rap français ?
T : oui mais vite fait tout de même : il y a des gens qui me parlent de certains artistes que je ne connais pas et sinon je suis, mais je suis un peu noyé dans tout ce qui se fait, j’écoute moins de rap qu’avant : mais j’en écoute encore. Finalement, j’écoute de tout, de la Soul, je peux tomber sur un morceau de Reggae, un morceau de rock… c’est de la musique. Mais, avant j’écoutais beaucoup de rap, je ne sais pas ce qu’il s’est passé, j’écoutais beaucoup de rap français et américain et maintenant très peu… je me suis un peu lassé de tout ce qui est sorti : je pense qu’il y a trop de trucs qui se ressemblent : et plus trop d’identité. Avant t’écoutais n’importe quel album : personne ne rappaient pareil, maintenant tu as parfois l’impresssion d’avoir des copies de copies : même au niveau du son c’est toujours les mêmes sons.
D : C’est vrai qu’avant tu reconnaissais directement la patte d’un Beat Maker : exemple tiens ca c’est un son de Sully Bee…
T : Mais pour revenir sur le rap Français, j’ai écouté les dernieres sorties : le dernier album de Mac, le dernierMédine,… voila pas trop de choses finalement.
D : Tonio, le mot de la fin ?
T : J’espère que c’est le début d’une nouvelle aventure, j’aimerai encore faire un album, mais d’ici là, entre temps faire un deuxième volet de « Frères d’armes » pour poser avec d’autres gens avec qui je n’ai pu le faire sur le premier. Après je ne sais pas de quoi demain sera fait, mais après si tout va bien faire un vrai album solo.